a pression ne retombe pas pour les exportateurs de vins français alors que les négociations commerciales entre Bruxelles et Washington se poursuivent toujours et que la menace de surtaxes à taux fluctuants pèse désormais sur leurs expéditions aux États-Unis à partir du premier août. S’il y avait encore récemment l’espoir d’un accord transatlantique débouchant sur 0 % de droits de douane pour les vins et spiritueux européens sur le marché américain, le Comité Européen des Entreprises Vins (CEEV) réagit « avec inquiétude » ce 11 juillet à des échos diplomatiques remettant cette perspective en cause : « le vin et les vins aromatisés pourraient être exclus de l'offre commerciale portée par l'Union Européenne qui est actuellement négociée dans le contexte plus large d’un accord avec l’administration américaine ».
« Nous demandons à la Commission européenne de veiller à ce que le vin et les vins aromatisés restent partie intégrante des négociations avec l'administration américaine » déclare dans un communiqué Marzia Varvaglione, la présidente du CEEV, rapportant la préoccupation de « l'exclusion potentielle du vin de la liste des marchandises sensibles incluse dans le paquet de l'accord » alors que « le secteur vitivinicole européen traverse déjà une période extrêmement difficile et l'établissement définitif d'un tarif ad valorem ne ferait qu'amplifier cette crise et porterait préjudice à des milliers d'exploitations dans toute l’Europe. »
+20 % de taxes US = -30 % de vins UE ?
Sachant que les 10 % de tarifs américains sur les biens européens depuis le 9 avril réduiraient déjà de 12 % les expéditions européennes sur leur premier marché export (27 % en valeur et 21 % en volume), le CEEV avance que « si les droits américains étaient fixés dans une fourchette de +17 à +20 %*, et compte tenu du taux de change actuel (le dollar a perdu 15 % par rapport à l'euro, le préjudice estimé atteindrait 30 %. »
Si le président américain Donald Trump a montré son impulsivité sur le sujet (menaçant mi-mars de 200 % de droits de douane sur les vins français), le CEEV tente de remettre de la rationalité commerciale dans l’équation. « Les exportations de vin européen ne nuisent pas à l'économie américaine, au contraire, elles la soutiennent » indique Ignacio Sánchez Recarte, le secrétaire général du négoce européen, pointant qu’« en raison du système de distribution d'alcool à trois niveaux en vigueur aux États-Unis (producteur, distributeur et détaillant), on estime que pour chaque dollar généré par les exportations de vin européen vers les États-Unis, les secteurs américains de la distribution et de l'hôtellerie gagnent 4,50 dollars. » Ainsi, pour 4,88 milliards d'euros de vins européens importés par les États-Unis en 2024, il y aurait eu 22 milliards de dollars de revenus pour les entreprises américaines.
* : En avril, Donald Trump annonçait 20 % de "droits réciproques" sur tous les produits européens.