ncertitudes partout, visibilité nulle part ! Alors que les taxes américaines dites réciproques s’imposaient à 20 % sur les vins français dès ce mercredi 9 avril, l’annonce surprise du président Donald Trump d’une « pause » de 90 jours sur les surtaxes, fixées momentanément à 10 %. Sauf revirement… « On ne sait pas ce qui peut se passer dans la journée » résume Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin qui s’est tenu ce 9 avril. « Ça change toutes les demi-journées. C’est de la folie ! Ça nous amène à beaucoup de prudence. On voit très bien qu’il pourrait y avoir une évolution positive [avec les 10 % et non 20 ou 200 %]. Cela pourrait nous donner pendant trois mois la capacité de commercer avec des impacts moindres. Mais cela pourrait évoluer en fonction d’une réaction du président Trump. Ça amène énormément d’incertitudes » explique le viticulteur de Saint-Geniès-des-Mourgues (Hérault), pointant que l’évolution du taux de change euro/dollar « amène 5 à 7 points de surcoût qui s’ajoutent aux taxes. »
Accueilli ce 9 avril à Dijon par l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV), le conseil spécialisé vin de FranceAgriMer s’est tenu avant l’annonce de la Maison-Blanche, mais avait un ordre du jour totalement bousculé pour se focaliser sur les impacts des droits de douanes imposés par les États-Unis pour accéder à leur marché : la première destination export des vins français. Notant que la Commission européenne a entendu l’appel, répété, de la filière vin à la désescalade en n’incluant pas les vins et spiritueux américains dans les listes de rétorsion européenne dans le conflit acier-aluminium, Jérôme Despey fait état d’un « soulagement, mais avec prudence » face aux possibles réactions de la Maison-Blanche sur la réplique européenne.


Face à ces incertitudes multiples, la filière vin exprime lors de son conseil spécialisé « une volonté d’union et de concertation pour pouvoir travailler apporter au gouvernement un certain nombre de propositions » indique Jérôme Despey. Comme l’indique Annie Genevard, la ministre de l’Agriculture, ce mardi 8 avril à l’Assemblée nationale, « j’ai réuni [lundi 7 avril] les représentants des différentes filières concernées par ces augmentations de tarifs douaniers et […] je leur ai demandé de me faire des propositions et nous avons déjà examiné plusieurs pistes. » Ayant participé à cette réunion, Jérôme Despey veut que la filière propose rapidement des propositions concrètes et concertées, alors que des pistes sont déjà évoquées.
Comme des mesures ne coûtant rien, mais simplifiant l’activité des opérateurs : comme la création d’un guichet unique pour gérer les droits d’accises intracommunautaires de le vente de vins aux particuliers ou l’homogénéisation des règles d’étiquetage au sein de l’Union. Est également évoquée une amélioration des leviers d’aide à la promotion (augmenter le taux d’aide et la durée d’intervention) : « la filière a toujours dit que la substitution ne pourrait pas être immédiate. Ce qui n’est pas exporté aux États-Unis US ne trouvera pas de nouveaux marchés en claquant des doigts » prévient Jérôme Despey. Autre levier envisageable : la mobilisation des outils de gestion de crise de l’Union Européenne. La dotation de réserve de crise pouvant être mobilisée pour un financement de stockage privé ou d’arrachage. « Dans le contexte actuel, on ne peut pas échapper à la question de savoir quels sont les moyens financiers que mettra l’Union Européenne » conclut Jérôme Despey.