Plaidoyer pro(do)mo

1,39 € le vin de Bordeaux : Lidl ne voit pas le problème, l'offre était ponctuelle

n rayon chez Lidl du 3 au 9 juillet, l’offre à 1,39 € la deuxième bouteille de vin AOC Bordeaux rouge (marque distributeur la Croix de Ceyssac, avec -30 % par rapport à la première bouteille vendue 1,99 €) aura causé des manifestations vigneronnes le samedi 12 juillet devant 5 magasins girondins (mobilisant tous les syndicats agricoles) et l’envoi d’une lettre salée du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) à la présidence de Lidl France (annonçant la création d’un « Prix de l'Enseigne la plus insultante pour la viticulture » par ses prix cassés).

Sollicitée par Vitisphere au sujet de la construction de ce prix de vente déconnecté du coût de revient (le prix d’équilibre d’un vin AOC Bordeaux avoisine 4,39 € la bouteille) par rapport à la politique de développement durable de l’agriculture française affichée par Lidl France (affirmant en ligne « garantir une meilleure rémunération de nos partenaires économiques »), l’enseigne s’est fendue d’une brève déclaration, liminaire : « Lidl a toujours fait du made in France l'une de ses priorités. L'enseigne est convaincue qu'il est possible de défendre le pouvoir d'achat des consommateurs par une politique prix attractive, tout en soutenant le monde agricole. L'offre promotionnelle dont il s’agit était une offre ponctuelle qui est désormais terminée. »

Questions sans réponse

Fermez le ban ? Après le Cotes-du-Rhône à 1,39 € fin 2024 et le Pays d’Oc à 1,35 € cet été, Lidl semble pourtant appliquer une stratégie d’attraction des consommateurs par une baisse répétée des prix finissant par brouiller l’échelle des valeurs. Ne réagissant pas aux actions et lettres de protestation, Lidl ne répond pas non plus aux questions sur une stratégie de vente à perte pour avoir un prix d’appel, sur de futures promotions avec l’approche de la foire aux vins d’automne ou sur l’hypothèse de voir un jour une bouteille de vin AOC ou IGP à moins d’un euro chez Lidl. L’avenir le dira, ses prospectus étant plus loquaces que l’enseigne.