es semaines se suivent et les prix cassés se ressemblent chez Lidl. Après la bouteille de vin AOC Bordeaux rouge en promotion à 1,39 € du 3 au 9 juillet, voici le flacon de vin rosé Pays d’Oc IGP à 1,35 € du 10 juillet au 16 juillet (la première bouteille étant à 2,25 € et la deuxième à -40 %). Ne cachant pas son courroux, Jacques Gravegeal, le président du syndicat IGP Pays d’Oc vit cette promotion comme « une agression caractérisée. Avec cette dévalorisation, Lidl veut la guerre. C’est inadmissible d’alimenter la pauvreté du vignoble au nom du pouvoir d’achat du consommateur. » Ayant pour slogan « le vrai prix des bonnes choses », Lidl affirme appliquer une politique de Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE) pour « offrir le meilleur rapport qualité-prix à nos clients » et « garantir une meilleure rémunération de nos partenaires économiques ».
Un Pays d’Oc mis en avant à 1,35 €, « c’est dévalorisant dans tous les sens du terme. Quand je vois ce prix de vente, à combien est-ce que cela a été acheté au vigneron ? » se demande Jacques Gravegeal, qui aimerait bien que la Répression des Fraudes remonte les modalités de constitution de ce prix. Les tensions montant dangereusement pour la figure des Pays d’Oc. « Là ça devient dégueulasse » s’insurge-t-il, soulignant que dans la filière vin « les gens souffrent de voir ce prix défiant toute concurrence. Personne ne mesure que la bouilloire est en train de chauffer et que si ça pète, ça pète grave. Quand on n’entend pas de bruit, il faut se méfier… Vont-ils porter leur courroux sur leurs représentants professionnels ou sur les metteurs en marché qui portent des prix à la casse ? J’ai peur, parce que les gens travaillent toute l’année et que l’on ne sait pas ce qui va se passer avec une vendange normale, alors que l’on sort d’une récolte déficitaire en France et dans le monde. »


Ayant récemment défrayé la chronique viticole avec ses vins rouges AOP à 1,99 €, Aldi explique que « l’objectif n’est pas de tirer vers le bas le prix moyen des bouteilles, mais de tirer vers le haut la consommation » avec des offres volumiques reflétant les offres venant du marché : « toutes les semaines ou presque, si on le souhaitait, on pourrait acheter des lots de vin qui ont du mal à s’écouler à prix très bas ». L’approche des vendanges accélérant le besoin de trésorerie dans le vignoble et l’impossibilité de refuser les rares offres d’achat, même à prix indécent par rapport aux coûts de production. « On a des courtiers traîne-savates qui font le sale boulot et la grande distribution capte ce genre de produit au détriment des acheteurs vertueux. Lidl est un prédateur qui fait du mal à l’amont et à l’aval » estime Jacques Gravegeal, pour qui « on ne remontera pas la consommation avec de bas prix ».
Défendant l’équilibre de marché de Pays d'Oc assuré par le Besoin Individuel de Commercialisation (BIC), le président l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) appelle les pouvoirs publics à accélérer le mouvement pour que la filière se dote d’outils d’encadrement de la valorisation. Comme la possibilité d’un prix d’orientation sur les vins bio et HVE (l’article 210 bis de l’OCM vin), demandée par Pays d’Oc et en attente de validation par la Commission Européenne (l’ODG espère un retour positif imminent pour 2025).