es arrêtés ministériels du 9 janvier 2023 sont venus récompenser les efforts entamés par le syndicat des producteurs de vin de pays d’Oc, ainsi que l’interprofession InterOc, à la suite du gel d’avril 2021 pour mettre en application une réserve assurance climatique pour les vins de Pays d’Oc. « L’Etat nous a donné raison ! », a apprécié Jacques Gravegeal, président du syndicat des producteurs de vin de pays d’Oc, au moment de terminer son rapport moral lors de l’assemblée générale du syndicat ce 27 janvier. Comme il l’avait souligné lors du salon Prowein 2022, c’était pour lui « le combat d’une vie », qu’il a su mener à bien.
« Lorsqu’on est rôdé aux méandres et délais d’avancement administratif de tels dossiers, on ne peut que saluer la prouesse réalisée par le syndicat et l’interprofession des pays d’Oc, et la pugnacité de Jacques Gravegeal, pour faire aboutir ce dossier aussi rapidement », a même salué le président du conseil spécialisé vins de FranceAgriMer Jérôme Despey. Inspiré de la réserve interprofessionnelle champenoise, cet outil de régulation de l’offre collective des vins de Pays d’Oc doit permettre aux opérateurs de stocker une partie des volumes produits dans l’année « afin d’assurer la fourniture de nos marchés lorsqu’un incident climatique survient », appuie Jacques Gravegeal. Pour enfoncer le clou, ce dernier joue les vieux briscards et rafraîchit la mémoire des plus jeunes participants à cette assemblée générale. « Le gel de 1991 en val de Loire leur a fait perdre des marchés qu’ils ne pouvaient pas fournir. Ils n’ont jamais retrouvé les marchés de sauvignon que nous avions récupéré cette année-là. La réserve est essentielle pour se prémunir de ce genre de situation », illustre-t-il.


Deux outils essentiels vont permettre de piloter l’offre annuelle en vins de Pays d’Oc. D’un côté, le besoin individuel de commercialisation, ou BIC, permet à l’interprofession d’indiquer à chaque entreprise productrice de vins de pays d’Oc (cave particulière, coopérative, négociant-vinificateur) le volume total d’affaire qui lui est affecté pour la campagne. Celui-ci est établi au regard des sorties de chais de ladite cave, en utilisant la moyenne des trois meilleures des cinq dernières campagnes. « Ce Bic est établi au total pour chaque cave et par couleur. Nous avons rapidement abandonné l’idée de l’établir par cépage pour préserver les possibilités d’assemblage en 85-15 », situe Jacques Gravegeal.
Le BIC pourra être augmenté par Inter Oc en cours de campagne si un accroissement significatif de la demande est constaté. Le reste des volumes excédant ce BIC pourra être placé, avant le 15 décembre, dans la réserve volumique. « Puis au 15 septembre suivant, si le volume de réserve n’a pas été utilisé, ce seront des vins du nouveau millésime qui viendront remplacer cette réserve, afin de toujours garder la fraîcheur nécessaire et là encore, maintenir la capacité d’assembler à 85-15 », reprend le président du syndicat des producteurs de vin de pays d’Oc. Dans tous les cas, cette réserve est limitée au maximum à 15 % de la production.
Jacques Gravegeal insiste fortement sur la dimension collective de ce nouvel outil, basé sur le volontariat de chaque structure pour y adhérer. Après avoir démarré les réunions d’information et d’explication aux adhérents du syndicat au mois de décembre 2022, Jacques Gravegeal répète à l’envi la nécessité d’une adhésion massive des producteurs de vins de pays d’Oc à ce dispositif de réserve. « Nous savons que les 10 % de volumes de rouges destinés à la mise en réserve cette année ne disposent pas des marchés correspondants à cause de la tendance générale de déconsommation. Nous serons néanmoins bien contents si un nouvel aléa vient nous toucher d’ici la prochaine récolte. Cet outil collectif est une chance car dans l’hémisphère sud, où des groupes financiers pilotent les structures de production, ils s’apprêtent simplement à laisser une partie de la récolte sur pied pour ne pas produire du vin qu’ils ne pourront vendre. Nous choisissons de préserver nos marchés en cas de coup dur », termine-t-il en soulignant la qualité du travail fourni par les services de l'Etat pour faire aboutir ce projet.