Est-ce que tu réalises que tu m'es aussi utile qu'un trou du cul à cet endroit-là [mon coude] ?" lance-t-on au regretté Michael Madsen dans Kill Bill : volume 2. On jurerait que les opérateurs du vin pourraient proférer de telles amabilités à leur administration. Il faut dire qu’il y a des raisons d’avoir les fonctionnerfs à vif dans la filière : une Inspection du Travail pour le moins tatillonne sur la prestation de services durant les vendanges dans le Vaucluse, des poursuites sans fin de FranceAgriMer engendrant des coûts de l’ordre des aides refusées et réclamées, une refonte pour le moins ratée du logiciel Gamma 2 des Douanes faisant vriller certains exportateurs, une communication pour le moins loupée de la Répression des Fraudes sur le bilan de ses actions dans la filière… Il ne manquait plus que la publication de conclusions à l’emporte-pièce de l’étude sur l’exposition aux phytos des riverains de vignobles (Pestiriv) pour que le tableau soit complet, mais ces éléments sont attendus à la rentrée, pour la foire aux vins d’automne. Qui sait si Bercy et le ministère de la Santé attendront jusque-là pour relancer le concours Lépine de la fiscalité des boissons alcoolisées pour équilibrer le budget 2026… Au moins, on serait sûr que les énarques ont le jaja dans le pif et que le vignoble peut continuer de se plaindre de sa bourreaucratie.
L’aide de la fonction publique à la filière vin est pourtant loin de ressembler, ou de se résumer, à un trou de balle perdue. Producteurs comme metteurs en marché ont besoin d’assurer aux employeurs que les prestataires de services sont dans les clous pour des employeurs dépassés par les normes et obligations légales. FranceAgriMer est la courroie de transmission des aides européennes qui doit permettre de soutenir le terrain et pas de les filtrer par crainte d’une sanction de Bruxelles. Les Douanes sont essentielles pour fluidifier l’export et pas le complexifier en cette période déjà tendue commercialement. La Répression des Fraudes permet de veiller au respect des règles bénéficiant aux consommateurs, mais aussi aux opérateurs de la filière face à la concurrence déloyale des tricheurs cassant les prix et les marchés. En la matière, on entend monter la demande de contrôles de la construction des prix des dernières promotions Lidl : le Bordeaux à 1,39 € et le le Pays d’Oc à 1,35 €… Le gouvernement pouvant créer de la valeur pour toute la filière, et ses finances fiscales, en encadrant des prix rémunérateurs pour créer une chaîne de valorisation équilibrée pour tous les maillons. Encore faut-il ne pas être fort avec les seuls faibles... Sinon les deux mondes de la filière et de son administration vont continuer à se côtoyer et à se toiser. Sinon… « Est-ce que t’aboies tout le temps petit roquet ? Ou est-ce que tu mords ? » lance Michael Madsen dans Reservoir Dogs.