es dénégations administratives et gouvernementales n’y auront rien fait : les associations Générations Futures et Alertes des Médecins sur les Pesticides (AMLP) annoncent ce premier juillet saisir le juge des référés du tribunal administratif de Paris pour mesures utiles afin que soit immédiatement publiée par le ministère de la Santé l’étude d’exposition aux pesticides chez les riverains de zones viticoles et non-viticoles (PestiRiv). Une audience est annoncée ce 8 juillet par les plaignants. Dénonçant « le blocage par le gouvernement de la publication de l'étude Pestiriv révélant l'impact des pesticides sur les riverains de vignes à quelques jours de l'examen de la loi Duplomb [NDLR : sur l’allégement des charges pour l’agriculture] par les deux chambres du Parlement », les associations rapportent que « cette publication était initialement prévue en 2024 mais a été repoussée…en automne 2025, après l'examen de la Loi Duplomb ! »
Une relation de cause à effet réfutée par le cabinet de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, et l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (Anses, qui pilote depuis la fin 2021 cette enquête avec Santé Publique France). Contactée par Vitipshere, l’ANSES indiquait récemment que « l’étude Pestiriv n’est absolument pas bloquée, elle n’est pas terminée. L’avis est en phase de rédaction en partenariat avec Santé Publique France, sur la base du rapport et des retours d’experts, puis il y aura la restitution aux tutelles et aux parties prenantes. Nous ne rendons jamais public un rapport avant les restitutions. »


Une demande de temps que réfutaient les associations Générations Futures et AMLP, avec France Nature Environnement, ce 24 juin lors d’une conférence de presse. Dénonçant des « délais qui, à notre avis, ne sont pas seulement liés à la publication d’une belle brochure », François Veillerette, le porte-parole de Générations Futures, déclarait alors « penser qu’il y a la volonté d’attendre après les débats pour que ça ne vienne pas complexifier la situation politique autour de la loi Duplomb. Ça coince quelque part au niveau de la présentation de l’étude. » Président de l’AMLP, le docteur Pierre-Michel Périnaud abondait en affirmant que « ce n’est pas du travail scientifique qui attendu, c’est une mise en forme de communication. Prendre 6 mois pour ça, c’est étonnant » alors que selon lui « toutes les données » sont récoltées et « le match est fini ».
Lancée fin 2021, la vaste enquête scientifique Pestiriv doit mesurer les traces de 58 matières actives (fongicides, herbicides et insecticides) dans les cheveux et urines de 3 350 adultes et enfants (ainsi que dans leurs 2 250 foyers, se trouvant à moins de 500 mètres d’un pied de vigne, mais plus de 1 km d’une autre culture) dans six vignobles (Grand Est, Nouvelle-Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur). Pestiriv a suscité l’inquiétude du vignoble, notamment dans le vignoble bordelais, qui concentrant le quart des prélèvements prévus. L’Anses avait fait paraître des justifications pour apaiser les esprits.
Lors de la présentation originelle du projet, Sébastien Denys, le directeur Santé-Environnement-Travail pour Santé Publique France expliquait que « la viticulture [était] choisie de par l’importance de son utilisation de produits phytosanitaires et de par le fait que des populations qui vivent dans ces zones viticoles sont souvent très proches des parcelles » afin que Pestiriv puisse répondre « à une préoccupation très importante sur le lien entre l’exposition à des produits phytosanitaires, en l’occurrence des pesticides, et des impacts sur la santé. D’un point de vue toxicologique, ces impacts et le caractère dangereux de ces substances sont de mieux en mieux documentés. En revanche, sur la question des molécules auxquelles sont exposées les populations au voisinage de ces parcelles, la littérature scientifique est beaucoup moins documentée. »
« Il est totalement inadmissible que la publication des résultats importants sur l'exposition de riverains de vignes aux pesticides puisse être reportée de plusieurs mois alors même que plus de 500 000 personnes en France résident à proximité immédiate des vignes ! » estime dans un communiqué François Veillerette. « La situation est d'autant plus scandaleuse qu'une augmentation du risque de leucémies a été mise en évidence sur ces territoires, et qu'aucune mesure de prévention n'a encore été prise » renchérit le docteur Pierre Michel Perinaud, faisant référence aux cas de cancers pédiatriques de l’école de Preignac (en 2015 dans le vignoble du Sud Gironde).