e cœur n'est pas à la fête d'anniversaire pour l’Institut National de l'Origine et de la Qualité (Inao, gérant notamment 364 vins AOP et 75 vins IGP de France représentant 95 % de la production viticole nationale). Fondé en 1935, l'institut ne souffle pas 90 bougies, mais soupire sur 90 soucis. Le président du Conseil permanent de l’Inao, Philippe Brisebarre, sonne l’alerte : « nous sommes vraiment sur la corde raide. Notre marge de manœuvre est très limitée. Nous avons déjà fait des économies ces dernières années. La dotation de l’Etat à l’Inao est cette année de 17 millions €, elle a été rabotée de 750 000 €. Or, l’Institut est en déficit depuis trois ans. Nos réserves ont permis jusqu’ici de faire face, mais nous ne pouvons pas continuer ainsi ». Vigneron à Vouvray (Indre-et-Loire), Philippe Brisebarre a rencontré ce mercredi 4 juin la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, afin de plaider la cause de l’Institut, tant sur ses missions spécifiques que sur son budget, financé à 70 % par des fonds publics. Mais il appelle aussi les professionnels à « faire un effort sur les droits Inao. Ceux-ci n’ont pas été réévalués depuis 2015. Si nous faisons cet effort, ce sera au ministère de faire aussi sa part ».
Le Conseil permanent se prononcera en juillet sur une éventuelle hausse des droits, qui ne pourra être effective que par la prochaine loi de finances. « Je comprends que cela fasse grincer des dents, reconnaît Philippe Brisebarre. Mais ces droits ne représentent que quelques centimes à l’hectolitres, et l’Inao doit être solide pour pouvoir continuer à assurer ses missions spécifiques avec son maillage territorial existant ». Il indique que trois postes pourraient être supprimés en 2026. Si la saignée est plus importante, le traitement des dossiers, notamment les adaptations de cahiers des charges, sera impacté.


La dotation 2026 de l’Etat à l’Inao pourra-t-elle être maintenue au niveau de 2025 ? Rien n’est moins sûr... Cependant, « la ministre est pleinement consciente du rôle de l’Inao, elle ne souhaite pas son internalisation, déclare Philippe Brisebarre. Nous lui avons rappelé que l’ensemble des produits sous signes d’identification de qualité et d’origine génèrent 42 milliards d’euros par an. L’Inao rapporte à l’Etat bien plus qu’il ne lui coûte. L’Inao ne distribue pas d’argent public. Son budget relève uniquement du fonctionnement, lequel est, par salarié ETP, le moins cher des établissements publics ! Et nous avons perdu 30 ETP en 15 ans ».
Le gouvernement tranchera prochainement sur les arbitrages budgétaires. Tous les ministères devront faire des efforts. A l’Inao, comme dans d’autres organismes publics, on retient son souffle…