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La filière vin OK pour simplifier mais pas supprimer ses agences : INAO, FranceAgriMer…
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La filière vin OK pour simplifier mais pas supprimer ses agences : INAO, FranceAgriMer…

À l’état d’intention gouvernementale, la cure d’amaigrissement des agences d’État pourrait être l’occasion de simplifier l’administration vitivinicole, mais ne doit pas retirer de capacité de gestion de la filière préviennent ses représentants, qui ne veulent pas de coupes aveugles.
Par Alexandre Abellan Le 23 mai 2025
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La filière vin OK pour simplifier mais pas supprimer ses agences : INAO, FranceAgriMer…
Attention à la sortie de route : « la filière viticole a un genou à terre du fait des difficultés combinées » prévient Jérôme Bauer, pour qui « détruire ces agences serait un aveu de repli et d’abandon, alors même que l’Europe et le monde nous regardent comme un référent. » - crédit photo : Alexandre Abellan
S

e confirmant à défaut de se préciser, le projet gouvernemental de coupes budgétaires dans les agences publiques est suivi avec intérêt par la filière vin. Il faut dire que parmi les instances qui pourraient être supprimées, fusionnées ou réorientées, Public Sénat cite des noms et acronymes bien connus des vignerons et négociants : l’Agence Bio, Business France, l’Établissement national des produits de l'agriculture et de la mer (FranceAgriMer), l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO)... Fondée il y a 80 ans, cette dernière agence est centrale dans la gestion des 364 vins AOP et 75 vins IGP de France pesant pour 95 % de la production viticole nationale.

Ce serait couper la jambe gauche à nos appellation

Appelant à la prudence, comme il n’y a aucun élément confirmé, mais seulement de potentielles menaces, Jérôme Bauer, le président de la Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à Appellations d'Origine Contrôlées (CNAOC), appelle à ne pas confondre modernisation et suppression. Pour le vigneron alsacien, amputer trop fortement « l’INAO, ce serait couper la jambe gauche à nos appellations. Si aujourd’hui nous pouvons apporter une garantie de qualité, d’origine à nos consommateurs c’est grâce à l’institut qui pilote nos cahiers des charges. Nous nous battons depuis des années pour que nos AOC et IGP ne deviennent pas des marques privées. Elles font partie du bien commun de notre société. C’est un élément de notre soft Power et un atout géopolitique énorme. » Et le président de la CNAOC de pointe que l’institut cogéré entre l’administration et les professionnels* est « l’outil le plus puissant au service des terroirs, des filières et de l’excellence française » avec 27 millions d’euros de budget pour plus de 40 milliards € générés d’après les estimations.

Ne pas jeter le budget avec l'eau du vin

« On comprend qu’il faille serrer les boulons. Mais il y a un vrai retour pour l’État qui investit moins de 20 millions € » abonde Gérard Bancillon, le président de la fédération nationale des vins IGP. Estimant que la France jetterait le bébé avec l’eau du bain si elle supprimait purement et simplement l’INAO, le viticulteur gardois reconnait qu’il a été sidéré par ce projet. Y voyant un possible levier de chantage pour augmenter les cotisations des producteurs (AOP, IGP, Agriculture Biologique, Label Rouge…), Gérard Bancillon estime qu’il « faut se pencher sur le bilan global de l’agence, sur la gestion et la protection de signes de qualité locaux et non délocalisables. D’autant plus au moment où l’on vante le "made in France" et la relocalisation de l’emploi en France. » Se demandant comment faire sans l’INAO, Gérard Bancillon estime que cela « détruirait la filière, qui est déjà dans un sale état. Il y a un risque de destruction de toute la valeur ajoutée des AOP et IGP dont l’INAO est le seul garant. »

Alors que des projets d’internalisation de l’INAO fleurissent ponctuellement, « la réduction annoncée du budget de l’INAO ou sa suppression auraient de graves conséquences » prévient Jérôme Bauer, qui évoque concrètement des « retards dans l'instruction des modifications de cahier des charges (pourtant indispensables pour s’adapter aux changements climatiques, aux crises économiques et aux attentes sociétales), retard dans la mise en œuvre de chantiers importants (comme la délimitation des zones de production), difficultés à accompagner les petits Organismes de Défense et de Gestion (ODG) qui ne disposent pas des ressources nécessaires pour assurer les aspects juridiques et techniques de leur activité, affaiblissement de la mission de communication et de protection (face aux usurpations et contrefaçons) des Indications Géographiques (IG) en France et à l'étranger, remise en cause de la politique de qualité de la France qui existe depuis 1935 et qui a créé beaucoup de valeurs dans les territoires. »

Rayer des établissements ancrés sur le terrain, ce serait ubuesque 

« Nous avons besoin de l’INAO. La filière ne peut pas se passer d’un institut de gestion et de protection des signes de qualité. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de travail à mener de simplification » appuie Jérôme Despey, le premier vice-président de la FNSEA (qui s’était positionnée début 2025 en soutien à l’Agence Bio). Également président conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, le viticulteur languedocien pointe que « chercher des éléments de synergie, de transversalité, de simplification… On y travaille : c’est indispensable. Mais rayer des établissements ancrés sur le terrain, ce serait ubuesque dans mon point de vue ». Déjà né de fusions en 2009**, FranceAgriMer pilote la mise en œuvre de l’Organisation Commune du Marché vitivinicole (OCM vin), soit 270 millions d’euros de fonds européens par an (pour l’investissement, la restructuration, la promotion), mais aussi de gestion des crises en faisant le lien entre représentants professionnels et instances administratives.

Pour Jérôme Despey, « le conseil spécialisé vin est un lieu d’échange, de veille de marchés, d’orientation des politiques publiques communautaires et nationales en collant à la réalité de terrain pour que les demandes des professionnels soient défendues. Cela peut être fait ailleurs, avec des économies d’échelle, des budgets mieux orientés et des procédures plus simplifiés. Être plus efficient est normal, mais on ne peut pas mettre en difficulté toute une filière, ce serait contre-productif. »

Alliée de circonstance

Plus globalement, « je distingue deux types d’outils et organismes : ceux dont on peut se passer et ceux qui sont au service de la filière et sont pilotés par la profession en cogestion avec l’État » réagit Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France, pour qui « FranceAgriMer et l’INAO ne sont pas des agences de suradministration, mais d’accompagnement du secteur. On doit continuer à simplifier, augmenter l’agilité, mettre en œuvre plus simplement et rapidement sans la lourdeur de strates administratives sédimentées », mais pas casser des outils stratégiques pour l’avenir de la filière. Dans cette optique, « si le plan de simplification est budgétaire, la filière en sera l’alliée de circonstance. Nous voulons tous alléger et rendre plus flexibles les dispositifs tout en maintenant les organisations permettant de piloter la filière » souligne le vigneron languedocien.

 

* : Jérôme Bauer précise que « 250 professionnels siègent dans les différentes instances de l’INAO, toutes filières confondues, et que les propositions qui sont faites dans les différents comités s’imposent au gouvernement. En d’autres termes, nos décisions deviennent le droit et c’est assez unique en France. »

 

** : FranceAgrimer est né du rapprochement des offices du vin, des fruits et légumes (Viniflhor), des grandes cultures (ONIGC), des viandes et du lait (ONIEP), des produits de la mer (OFIMER), des plantes à parfum et médicinales (ONIPPAM) et du Service des nouvelles des marchés (SNM).

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Tous les commentaires (6)
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GB Le 29 mai 2025 à 20:07:06
Supprimer des agences, vous n'y pensez pas ! Mais comment vont faire ceux qui collectionnent les mandatures ! Si on leur enlève leurs gamelles ils vont devoir retourner bosser dans leurs vignes !
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Albert Le 27 mai 2025 à 09:00:31
1/ L'INAO est devenu peu ou prou la chambre d'enregistrement des demandes, des exigences des filières, et d'ailleurs, posez-vous la question : le Minagri a un strapontin dans les instances mais qui pilotent cet outil .. les professionnels. Et à quoi rime cette multiplication d'appellations ? .. n'est-on pas en train d'affaiblir complètement l'essence même de ce qui a inspiré la création de l'Institut ? 2/ FranceAgrimer : outre que cet établissement a résulté, en France, d'une fusion des organismes de filière déjà amorcée au début des années 2000, je rappelle que la filière viti a toujours été encadrée depuis la création du casier viticole au milieu des années 50. L'IVCC (et aussi, à un degré moindre le FORMA) a eu en charge d'encadrer la filière, et, dès 1976, l'ONIVIT a été mis en place en intégrant à ce pilotage interprofessionnel la profession. Quand l'UE a commencé à budgéter des soutiens sectoriels, notamment des aides à cette filière viticole, en France ont été institués (début années 80) des organismes, par filières, agréés par le Minagri et reconnus au plan UE (bah oui ! .. il y a une exigence de grande et totale transparence sur la gestion des flux financiers - aides UE dont peuvent bénéficier les acteurs au sein des filières). Puis il y eut l'ONIVINS, VINIFLHOR.. et désormais FranceAgrimer. Alors oui, je peux lire que certains demandent la suppression de cet établissement, mais il m'est difficile d'imaginer - évidemment - que les mêmes revendiqueraient que "leur" filière s'autonomise .. enfin .. financièrement ! Je rappelle qu'il y a une supervision de la dépense des aides UE, et qu'il y a de facto parfois un risque d'apurement (les rejets sont alors imputés au budget du Minagri, .. super !).
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JFD Le 26 mai 2025 à 18:34:43
Supprimer FRANCE AGRIMER ne me dérange pas, il faut conserver l'INAO et les comité interprofessionnels de chaque région viticoles car elles ont chacunes leurs typicités. Il faut dégraisser les milles feuilles administratifs. Avant il n'y avait pas FRANCE AGRIMER et ça fonctionnait très bien, maintenant c'est le cirque, des délais et du temps perdu.
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Albert Le 24 mai 2025 à 10:36:13
J'apprécie que Vitisphere permette à chacun.e d'exprimer son point de vue. Encore faudrait-il que l'on s'entende sur l'acception de "point de vue" : si le commentaire expose une idée construite, étayée et argumentée, ça me va. Sinon, les commentaires du style "brèves de comptoir" me lassent .. Mais bon sang, quant à laisser un commentaire, que ce soit a minima INTÉRESSANT, non ?
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bill et boule Le 23 mai 2025 à 13:44:39
il s agit plutôt d un changement d état d esprit ces agences sont au service des vignerons et pas l inverse à ne pas oublier
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Lidiot Le 23 mai 2025 à 13:20:11
Bien sur . En plus , nombre de vignerons ont des proches qui y bossent...
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