itant un document interne de Bercy, le quotidien L’Humanité rapporte le projet de « "fusion de l’Agence bio avec l’Inao ou FranceAgriMer, voire fusion des trois organismes". L’idée a été ponctuée d’un franc "oui" entouré et écrit à la main par Amélie de Montchalin » la ministre des Comptes Publics, qui a l’ambition affichée d’augmenter l’efficacité et réduire le nombre d’agences d’État afin de réaliser des économies. Une approche purement financière qui ne rassure pas la filière vin, qui se dit prête à simplifier mais pas supprimer des outils de cogestion public-privé de son pilotage, avec l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO, fondé il y a 90 ans et gérant 364 vins AOP et 75 vins IGP de France pesant pour 95 % de la production viticole nationale) ou l’Établissement national des produits de l'agriculture et de la mer (FranceAgriMer, assurant depuis 2009* pour le vin le suivi des marchés et la répartition annuelle des 270 millions € de fonds européens constituant l’Organisation Commune du Marché vitivinicole, OCM vin). Contacté, le cabinet d’Amélie de Montchalin précise « qu’à ce stade rien n’est arbitré, beaucoup de pistes sont sur la table. Le premier ministre [François Bayrou] précisera cela dans les semaines à venir. Et nous portons aussi à votre connaissance que les documents internes n’ont pas valeur d’arbitrage. »
Dans tous les cas pour le Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux (MODEF), cette idée d’une fusion des trois agences est « dangereuse » assène un communiqué, alors que « les rédacteurs du texte prétendent à tort que les trois organismes sont complémentaires et que leurs missions sont similaires. Ils ont des rôles sensiblement différents » pour le syndicat agricole minoritaire. Qui estime de cette fusion qu’elle « n’économisera que des bouts de chandelles [et] a pour but non avoué de brouiller les repères des signes officiels de qualité et de les vider de leurs sens. Les recommandations écrites par la ministre des Comptes publiques ne font état d’aucune estimation chiffrée. Elles risquent d’être minimes car le budget de fonctionnement de l’Agence Bio n’est que de 2,7 millions d’euros ». Pour comparaison, le budget de l’INAO s’élève à 25,7 millions € (dont 18 millions € de subventions et 7 millions € de cotisations des professionnels).


Mais le budget de fonctionnement de l’INAO doit être vu comme un investissement, rapportant de la valeur ajoutée aux vignobles et leurs territoires pour Maxime Toubart, le président du Syndicat Général des Vignerons de Champagne (SGV), qui affirme à Vitisphere l’attachement champenois à un institut fort : « le principe d’AOC est connu, reconnu et exemplaire au niveau français et international. L’INAO est d’autant plus stratégique que nous avons beaucoup de travaux en cours. Nous sommes inquiets du sort qui lui est réservé. Il faut maintenir un fonctionnement à part et un budget à part. » S’il reste à étudier les leviers budgétaires à actionner pour que l’INAO soit davantage autonome financièrement, la filière vin ne veut pas perdre son outil de différenciation et de protection pour les 80 ans de l’AOC.
Sur un autre registre, la Coordination Rurale appelle le gouvernement à mettre fin à l'activité d'une agence : l'Office Français de la Biodiversité (OFB). Pour la président du syndicat agricole, Véronique Le Floc’h, il faut « supprimer l’OFB qui entretient des relations conflictuelles avec le monde agricole qu’il ne comprend pas et ne connait pas » et transférer ses missions à « la gendarmerie [qui] est à même d’effectuer les missions de l’OFB avec un professionnalisme nettement supérieur à celui des cow-boys de l’OFB, qui pénètrent armés dans les fermes sans bénéficier de l’expérience et du bon sens des forces de l’ordre ».
* : FranceAgrimer est né du rapprochement des offices du vin, des fruits et légumes (Viniflhor), des grandes cultures (ONIGC), des viandes et du lait (ONIEP), des produits de la mer (OFIMER), des plantes à parfum et médicinales (ONIPPAM) et du Service des nouvelles des marchés (SNM).