lle ne passe décidément pas. La déclaration sur Vitisphere de Roger Anthony, l’acheteur bières, vins et spiritueux d'Aldi France (1 300 magasins), défendant l’offre promotionnelle 4+2 à venir en foire aux vins en estimant qu’« un produit à 1,99 €, un bordeaux ou un côtes-du-rhône, pour moi c’est encore rémunérateur, on respecte le viticulteur » choque l’interprofession des vins de la vallée du Rhône (Inter Rhône). Après le coup de colère du Collectif Viti 33 et les manifestations ce 18 juin devant des magasins du Gard, de Gironde et du Vaucluse, Inter Rhône annonce fermement qu’« à 1,99 €, un Côtes-du-Rhône ne peut pas être rémunérateur ». Signé par Philippe Pellaton, Samuel Montgermont et Damien Gilles (respectivement président, vice-président pour le négoce et vice-président pour la production d’Inter Rhône), le communiqué martèle que « le respect du vin commence par le respect de celles et ceux qui le produisent » en assurant un prix rémunérateur : « la réalité économique est implacable : avec un prix de vente au consommateur à 1,99 € TTC, il est mathématiquement impossible de garantir une juste rémunération du vigneron, une fois déduits les coûts de production, de mise en marché, de logistique et les marges nécessaires à chaque maillon de la chaîne ».
Avec l’idée qu’un prix de vente à 1,99 €/col AOP peut être rentable pour son producteur, Inter Rhône critique un avis « profondément irrespectueux envers les milliers de vignerons qui œuvrent au quotidien pour produire des vins de qualité dans des conditions économiques de plus en plus précaires. » Et « ce type d'affirmation contribue à une dangereuse banalisation de la vente à perte et à une spirale de dévalorisation de l’appellation Côtes-du-Rhône » poursuivent les représentants de l’interprofession, qui sont mobilisés pour l’évolution de la loi Egalim et la mise en place de prix d’orientation pour les vins engagés environnementalement (bio ou HVE).


Enjoignant « solennellement Aldi France à clarifier publiquement sa position sur la rémunération des producteurs » et « à se conformer pleinement aux principes d’équité portés par la loi Egalim » en adoptant des « pratiques tarifaires pour ne pas compromettre l’avenir de la filière viticole française », Inter Rhône juge que « présenter une bouteille de Côtes du Rhône vendue à 1,99 € comme un gage de respect envers le viticulteur revient à nier la réalité du terrain, à affaiblir la crédibilité de notre appellation et à compromettre l’avenir de nos terroirs.
Précisions attendues
Sollicité par Vitisphere ce 18 juin pour préciser ses positions et les niveaux de rémunération des vins à bas prix qui seront proposés en foire aux vins, Aldi n’a pas encore donné suite. Dans l’interview, Roger Anthony semblait se voir comme un bon élève de la Grande Distribution, avec une foire aux vins d’automne à 100 % composée de vins français et affichant des prix ne descendant pas en dessous de 1,99 €/col. « Même en étant agressif en prix, notre produit c’est 1,99 €. Je ne veux pas descendre plus bas que 1,99 € la bouteille » indiquait Roger Anthony, pour qui il faut dire « non. À un moment donné, c’est déjà assez compliqué pour le monde viticole en ce moment. Il faut respecter le travail : acheter du vin, ce n’est pas si compliqué. » Parole d’expert.