es viticulteurs continuent à perdre des phytos alors que la pression fongique augmente avec le changement climatique et de nouveaux ravageurs comme la cicadelle africaine émergent. « 6 anti-mildiou et 6 insecticides rien qu’entre 2020 et 2025 », compte Eric Chantelot lors d’un webinaire organisé par l’Assemblée des régions européennes viticoles (AREV) ce 17 juin. Et ce n’est pas fini. « Selon une liste établie par le Ministère de l’agriculture l’année dernière, 6 autres anti-mildiou, 6 insecticides et 6 anti-oïdium sont sur la sellette au niveau européen à horizon cinq ans », rappelle le référent phytosanitaire de l’Institut français de la vigne et du vin (IFV), pointant l’impasse vers laquelle se dirige la filière, « d’autant que l’usage répété des mêmes substances actives risque de faire apparaître des résistances et de rendre inefficaces le peu de solutions restantes. »
Reprenant ses calculs, Eric Chantelot indique qu’en parallèle de la suppression des phytos conventionnels, 10 solutions de biocontrôle sont arrivées sur le marché depuis 2010 pour lutter contre le mildiou. « Et nous sommes passés de 1 à 5 insecticides. On pourrait se dire que tout va bien, que ces nouveaux produits se substituent à ce qui a été perdu, mais non, car ces solutions ne sont pas assez efficaces et régulières pour sécuriser le rendement », prévient-il.
Continuer à innover est donc nécessaire. « Mais les sociétés s’essoufflent. Il y a eu des homologations entre 2015 et 2020 mais assez peu depuis », regrette Eric Chantelot pour qui la faute revient au « carcan réglementaire européen » auquel ces sociétés sont confrontées. « Comme les solutions de biocontrôle issues de micro-organismes ou de substances à faible risque subissent les mêmes longues et coûteuses procédures d'homologation que les produits conventionnels, les investisseurs des startups sont tentés de mettre les moyens sur l’Amérique ou l’Asie, là où la rentabilité est immédiate. Et il n’y a pas que les startups, même les majors, les grosses firmes phytosanitaires vont à tâtons à reculons sur l’Europe parce que c'est très compliqué », analyse l’expert militant comme son président Bernard Angelras pour un assouplissement rapide de la réglementation.