ort des échanges qui se sont tenus lors du bureau de l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) le 6 mai dernier sur les inquiétudes relatives à la protection phytosanitaire dans le contexte de crise économique auquel est confronté la filière, le président Bernard Angelras renouvelle sa demande de moratoire sur le retrait de nouvelles matières actives. Dans un courrier adressé aux responsables d’organisations professionnelles viticoles que Vitisphere a pu se procurer, il alerte la filière et l’invite à « prendre une position collective et à engager si nécessaire des actions pour éviter des impasses techniques et défendre la rentabilité des exploitations viticoles. »
Tout en saluant les travaux de la recherche et les efforts réalisés par la production en matière de transition agroécologique, Bernard Angelras constate « que ces démarches de progrès ont un impact sur la baisse de productivité et l’augmentation des charges des exploitations sans une véritable valorisation du marché. » Selon lui, la baisse du chiffre d’affaires s’explique en partie par la perte des solutions phytosanitaires, « dans un contexte de distorsion de concurrence à l’échelle européenne avec le mécanisme de surtransposition que subit l’agriculture française. »
Si la poursuite de la R&D est indispensable et doit bénéficier « d’un soutien financier pérenne et constant », le président de l’IFV juge qu’il est tout aussi incontournable de considérer l’état alarmant du contexte viticole. « A ce jour, les alternatives [aux phytos] ne sont pas convaincantes et la filière s’achemine vers une impasse de production qui met sa santé économique en danger », alerte-t-il.


Pour éviter « un coup d’arrêt brutal à la filière » Bernard Angelras demande que ne soient plus supprimées de molécules sans solutions de remplacement à efficacité comparable. « Face aux aléas climatiques, aux phénomènes explosifs d’expression du mildiou, à l’émergence préoccupante de nouveaux ravageurs et à une mévente des vins, la filière doit pouvoir disposer des outils nécessaires à son adaptation et sa résilience économique. Cela passe par une reconquête de la productivité du vignoble directement liée à l’efficacité de la protection du vignoble. »
Le président termine son courrier en dénonçant les trop nombreuses contraintes réglementaires et économiques qui empêchent l’investissement dans de nouvelles solutions de protection du vignoble par des opérateurs privés. « Il en résulte une faiblesse de l’innovation sur de nouvelles molécules et un détournement des investisseurs et des acteurs hors de la France et de l’UE », prévient-il.