nnonçant ce samedi 30 novembre de nouvelles actions pour la simplification (un rendez-vous mensuel, la mise en œuvre du contrôle administratif unique…), la ministre de l’Agriculture Annie Genevard annonce par communiqué que « dans le respect de ses prérogatives, de son expertise et de son indépendance, des travaux sont en cours pour améliorer la performance du calendrier d’autorisation par l’Anses » (Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire) pour « prioriser l’instruction des demandes d’autorisation par l’Anses afin de pallier les usages orphelins ou mal pourvus » et pour « la meilleure prise en compte par l’ANSES des informations complémentaires fournies par le demandeur pour l’examen des demandes de reconnaissance mutuelle d’autorisation de mise sur le marché ».
Ce qui constitue une réponse aux demande des syndicats agricoles FNSEA et Jeunes Agriculteurs qui rappellent dans un communiqué ce premier décembre qu’ils souhaitent la « priorisation des travaux de l’Anses afin de répondre aux attentes des agriculteurs, notamment dans les filières sans solution et [une] meilleure prise en compte par l’ANSES des informations complémentaires pour l’examen des demandes de reconnaissance mutuelle d’autorisation de mise sur le marché ».
Chiche
Dans le vignoble, les promesses de "pas d’interdiction sans solution" doivent se concrétiser pour Bernard Angelras, le président de l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV). Demandant que les annonces soient suivies d’effet, le vigneron des Costières de Nîmes (Gard) appelle à un moratoire sur le retrait de nouvelles matières actives. « C’est important de dire les choses. La recherche s’inscrit dans la recherche de solutions alternatives, mais il faut que cela se fasse à la condition que l’on n’enlève pas de molécule sans solution » plaide le président de l’IFV, qui craint les impasses techniques (et l’affaiblissement des plans de traitement, avec moins de capacité à alterner les molécules et à réduier les doses).
Après les retraits des Autorisations de Mise en Marché (AMM) du Mildicut ou du diméthomorphe, « on voit qu’il y a des AMM dans le collimateur, surtout pour le mildiou » relève Bernard Angelras, rappelant que le sujet du cuivre reste latent. « Imaginons qu’il y ait un retrait de molécules de cuivre, ce sera dramatique pour toute la viticulture » avance-t-il. Souhaitant garder une boîte à outils phytos la plus large possible pour éviter les impasses, le vigneron gardois veut du rationalisme selon les millésimes et pas de dogmatisme : « il faut utiliser les produits avec modération, mais pas enlever des substances s’il y a besoin de taper fort une année plutôt que d’avoir à passer plusieurs fois. Il ne faut pas oublier le bilan carbone, tout est lié. »


Alors que la filière vin souhaiterait se passer de pesticides, le président de l’IFV pointe que l’« on ne trouve pas du jour au lendemain des solutions alternatives et des biocontrôles. Il faut tester et ça prend du temps. S’il y a de nouveaux retraits de molécules, la France disqualifie son vignoble. Quand un produit est homologué, s’il est bon en Italie, il n’y a pas de raison qu’il ne soit pas bon en France. Il faut qu’il y ait les mêmes règles du jeu en Europe. » La réduction des intrants passant aussi par l’optimisation de la pulvérisation (avec du matériel plus performant et/ou mieux réglés) ou l’évolution du matériel végétal (avec les cépages résistants). « Ça ne peut pas se faire du jour au lendemain, sinon c’est casse-gueule. Cela demande du travail » et donc de la stabilité conclut Bernard Angelras, demandant que l’on laisse du temps au temps sans y ajouter plus de tension.