menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Viticulture / Les vignerons se détournent des produits de biocontrôle dont l'efficacité est incertaine
Les vignerons se détournent des produits de biocontrôle dont l'efficacité est incertaine
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Traitements
Les vignerons se détournent des produits de biocontrôle dont l'efficacité est incertaine

Entre la crise économique et la météo capricieuse, les vignerons se détournent des produits de biocontrôle à l’efficacité incertaine. Seuls subsistent ceux qui disposent de solides atouts.
Par Pauline Orban Le 10 juin 2025
article payant Article réservé aux abonnés Je m'abonne
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Les vignerons se détournent des produits de biocontrôle dont l'efficacité est incertaine
Pour Sébastien de Magalhaes Lopez, consultant en agronomie chez OAD Agri, les produits à base de Cos-Oga sont intéressants pour lutter contre le mildiou - crédit photo : DR
C

ette année, de la Gironde à l’Hérault, l’invasion d’escargots et de limaces était telle que les vignerons qui souhaitaient y remédier n’avaient pas d’alternative que de se tourner vers des granulés de phosphate ferreux. Un produit de biocontrôle à l’efficacité certes limitée, mais dont ils ont dû se contenter faute d’alternative.

« Pour les bios, c’est la seule substance active autorisée. Pour les conventionnels, il existe des produits plus efficaces, associant du métaldéhyde – un neurotoxique puissant – à des produits appétants. Mais la molécule était en rupture de stock au niveau national », souligne Sébastien de Magalhaes Lopez, consultant OAD Agri en agronomie.

Pas de risque contre le mildiou

Contre les autres maladies et ravageurs, le choix demeure d’intégrer ou non les produits de biocontrôle dans les programmes de lutte. À quelle hauteur ? « 30 % en conventionnel et 45 % en bio, répond Nathalie Poppe, responsable technique Phloème en Gironde. Contre le mildiou, on ne prend pas de risque. Les phosphonates ne représentent que 10 % des IFT milidou chez nos clients. Pour l’oïdium, c’est différent. L’efficacité du soufre étant avérée, son utilisation représente 70 % des IFT. Pour le reste, c’est un peu au cas par cas. Soit en complément d’un autre produit dans un objectif de réduction de dose de phyto, soit parce qu’il n’existe pas d’alternative satisfaisante. »

Tenace ciccadelle

C’est le cas par exemple dans la lutte contre la cicadelle verte. « Les produits conventionnels homologués contre la cicadelle verte sont à base de pyréthrinoïdes et présentent un profil écotoxicologique défavorable, souligne Nathalie Poppe. On ne les conseille donc pas. Face à des attaques, on privilégie le biocontrôle. Mais ce n’est pas sans contrainte. Il faut appliquer 20 kg/ha d’argile en trois ou quatre passages avant le pic des adultes et la ponte des œufs. Cela sous-entend un suivi rigoureux des populations, sans oublier que l’argile augmente le risque d’usure prématurée des pompes du pulvérisateur et nécessite d’être équipé d’un circuit de filtration efficient. »

Autre produit de biocontrôle : les Bacillus thurengiensis. Selon Nathalie Poppe, « leur utilisation est marginale. Leur positionnement est tellement délicat que leur efficacité ne peut qu’être partielle. Ils s’appliquent au stade œufs à tête noire, très difficile à déterminer, ce qui suppose d’observer très régulièrement les vignes. Mais les années de forte pression, ils viennent en complément de la confusion sexuelle, qui reste la méthode de biocontrôle n° 1 car on peut les appliquer jusqu’à trois jours avant la récolte. On les utilise alors quatorze jours après un spinosad, un autre biocontrôle. »

Préventif et cher

Dans le Sud-Est, Sébastien de Magalhaes Lopez accompagnait il y a quelques années des viticulteurs pour utiliser contre le mildiou des produits à base de Cos-Oga. « Ce sont des produits intéressants qui, appliqués en pré-floraison, agissent sur tout le développement de la plante. Ils permettent de réduire les IFT et d’améliorer les rendements. Mais ça reste des solutions préventives et chères. Entre la crise économique et la météo capricieuse, les vignerons s’en détournent au profit de solution dont ils connaissent l’efficacité. »

Taegro, le produit à base de Bacillus amyloliquefaciens de Syngenta n’a pas subi le même sort d’après le consultant. « Il reste utilisé dans un objectif de réduction des IFT en fin de saison, constate-t-il, entre la fermeture de la grappe et la véraison, mais uniquement sur les cépages peu sensibles comme les syrahs ou les merlots, et les années à faible et moyenne pression. Sur les chardonnays ou les carignans, son efficacité sera insuffisante. »

En Champagne, Franck Mazy, PDG de Viticoncept, n’a jamais conseillé de biocontrôles autres que phosphonates, huile essentielle d’orange douce et Armicarb, dont l’efficacité est prouvée. « Et encore, avec parcimonie et toujours en association avec du cuivre ou du soufre. Mais les avis concernant les produits de biocontrôle peuvent changer. Il y a une vingtaine d’années, les essais d’Armicarb menés sur botrytis n’avaient rien donné. Il y a cinq ans, le Comité Champagne a refait des essais, contre l’oïdium cette fois, et on a été agréablement surpris par les résultats. » Les firmes qui commercialisent des biocontrôles savent désormais ce qu’ils leur restent à faire : multiplier les essais concluants sur le terrain afin de convaincre les vignerons.

 

« Les Bt en complément de la confusion sexuelle »

Arnaud Barthe, directeur technique du Château Estanilles, 30 hectares en AB à Lenthérie, dans l’Hérault témoigne « Cela fait dix ans que je compte sur les Bacillus thuringiensis pour protéger mes cépages tardifs des attaques d’eudémis, en complément de la confusion sexuelle. On installe nos diffuseurs de phéromones, fin mars-début avril, des Biotwin sur les vignes en gobelet et des Celada sur les parcelles palissées. Ensuite, selon la pression parasitaire de l’année, on complète avec une voire deux applications de Delfin, à 0,75 kg/ha, afin de protéger les raisins jusqu’à la vendange. » « L’énorme avantage des Bacillus, c’est leur délai avant récolte : trois jours, contre quatorze pour le spinosad. Mais pour être efficace, ils doivent être appliqués en face par face à 180 l/ha, en visant bien les grappes et au stade tête noire. C’est primordial. Si on rate le rendez-vous, c’est foutu. Dans ce cas, il faut se rabattre sur le spinosad, mais le délai avant récolte risque de devenir un autre problème. »

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Soyez le premier à commenter
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous

Pas encore de commentaire à cet article.
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - Stage Château les Carmes Haut-Brion
Gironde - Stage SCEA DOMAINE DE SAINT AMAND
Gironde - Stage SCEA DOMAINE DE SAINT AMAND
Var - CDI Les Vignerons de saint Romain
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Viticulture
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé