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Le vignoble bio se replie pour la première fois : -6 724 ha, les conversions s'effondrent en France
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En 2024
Le vignoble bio se replie pour la première fois : -6 724 ha, les conversions s'effondrent en France

Coup d’arrêt dans la croissance continue du vignoble bio en France avec d’importants replis à Bordeaux et dans le Languedoc-Roussillon, surtout pour les vignobles en conversion. Témoignant d’une réduction de l’offre faute de pérennité économique, ces déconversions s’accompagnent pour les ventes de vin bio de bonnes nouvelles : une baisse de 21 % des déclassements en conventionnel et d’un bond de 8 % des ventes en France.
Par Alexandre Abellan Le 13 juin 2025
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Le vignoble bio se replie pour la première fois : -6 724 ha, les conversions s'effondrent en France
L’Agence Bio constate les « difficultés pour la viticulture bio dans les régions historiques (conditions climatiques, recul de l’offre et des ventes de vins bio en grande distribution, difficultés de trésorerie, difficultés et incertitudes pour l’export) ». - crédit photo : Adobe Stock (Unclesam)
V

erre de vin bio à moitié vide ou à moitié plein ? Présentant ce 13 juin en conférence de presse les chiffres de l’Agriculture Biologique (AB), l’Agence Bio dresse un tableau paradoxal pour la filière viticole : « alors que les ventes de vin globales baissent, le vin bio poursuit sa trajectoire de croissance (+9 % en 2023, +8 % en 2024). Cependant les surfaces de vignes bio baissent de 4 % en 2024 et la part de vigne bio recule (21 % du vignoble en 2024, contre 22 % en 2023) ». Avec -6 724 hectares certifiés bio en 2024, soit -4 % par rapport à 2023, le vignoble bio connait sa première décroissance après des décennies d’augmentations à un ou deux chiffres selon les années (+2 % en 2023, +6 % en 2022, +17 % en 2021, +21 % en 2020, +24 % en 2019…). Il s’agit d’une baisse d’autant plus notable que « le secteur de la vigne était le seul ayant dépassé les objectifs nationaux de 21 % de surfaces en bio » pointe Laure Verdeau, la directrice de l’Agence Bio. Autre donnée marquante : les surfaces en conversion chutent à 22 702 ha, en baisse de 43 % par rapport à 2023 (qui enregistrait déjà -34 % des conversions). « Les conversions ont fortement chuté en 2023 et 2024, hypothéquant le réservoir de croissance des surfaces de vignes bio » indique un communiqué.

« Ce sont les exploitations avec les plus grandes surfaces (plus de 10 ha) qui diminuent (-4 %) alors que les plus petites exploitations continuent à augmenter (+8 % pour les surfaces inférieurs à 1 ha) » précise l’Agence Bio,. Alors qu’il était en croissance continue depuis 25 ans, à rebours de l’ensemble de la filière qui se contracte globalement, le vignoble bio diminue plus en 2024 que l’ensemble des surfaces viticoles : respectivement -4 et -2 % (avec -11 997 ha de pertes de surfaces). Si la filière vin dans son ensemble est en crise (crise du pouvoir d’achat et déconsommation réduisant les prix et la demande, aléas climatiques et inflation augmentant les coûts de production…), les vins bio sont en plus touchés par un retournement de son marché (notamment la baisse des prix du bio pour le vin en vrac faute de demande en tension), la pression sanitaire (avec un millésime 2024 très marqué par le mildiou et ne laissant place à aucune erreur avec une protection bio) et les coûts de production élevés sur de grandes surfaces (demandant d’investir dans du matériel et de la main d’œuvre). De quoi expliquer que les déconversions (59 % des cas) et arrêts d’activité (31 %) l’emportent sur les nouvelles certifications en 2024.

Saignée des conversions

Ce sont les principales régions productrices de vin bio qui concentrent la réduction des surfaces : -6 % en Occitanie (concentrant 34 % de la surface nationale de vignes bio) et -13 % en Nouvelle-Aquitaine (18 % du vignoble bio français). Dans le détail par départements, il s’avère que ce sont les surfaces en conversion qui ont fortement chuté. Par exemple en Gironde : -60 % pour les conversions (3 322 ha) contre +4 % pour les certifiés (19 249 ha). Ou dans le Gard (-48 % pour les conversions avec 1 888 ha et+3 % pour les certifiés avec 15 333 ha). Ce qui peut témoigner d’une forme de découragement face aux difficultés climatiques et mauvaises perspectives économiques.

La viticulture bio continue d’émerger en Bretagne, Normandie…

Malgré tout, des vignobles continuent de se développer en bio. Ainsi la région Provence-Alpes-Côte d’Azur augmente de 4 % ses surfaces (représentant 21 % des vignes bio nationales) et « dans la moitié nord de la France, la viticulture bio continue d’émerger même si elle reste marginale : +53 % de surfaces en Bretagne (100 ha en 2024), +26 % en Normandie (39 ha), +26 % en Île-de-France (144 ha), +1,4 % dans les Hauts-de-France (253 ha) » pointe l’Agence Bio, qui résume en « poursuite de l’émergence de la viticulture biologique dans plusieurs régions (Hauts-de-France, Bretagne, Normandie, IDF), mais difficultés pour la viticulture bio dans les régions historiques (conditions climatiques, recul de l’offre et des ventes de vins bio en grande distribution, difficultés de trésorerie, difficultés et incertitudes pour l’export). Le champagne biologique, lui, est en croissance. »

Performances commerciales

Autres signaux positifs pour l’agence de développement et de promotion de l’AB : « le marché du vin bio français est équilibré ». Ainsi, les déclassements de vins bio en conventionnel ont diminué de 21 entre 2024 et 2023 (respectivement 740 000 et 930 000 hectolitres), « après une année 2023 marquée par un déficit de demande par rapport à une offre particulièrement abondante, l’année 2024 s’avère plus tempérée (les difficiles conditions météorologiques ont produit des rendements plus faibles, tandis que la filière s’était préparée à l’inadéquation offre/demande » analyse l’Agence Bio, rappelant que « les marchés du vin bio et du vin conventionnel ne sont pas hermétiques, et la conversion d’un domaine ne modifie pas nécessairement ses débouchés. »

La spécificité de la commercialisation des vins bio peut également expliquer des déconversions faute de développement sur les réseaux adéquats. Avec 1,4 milliard € de vente de vin bio en France sur l’année 2024, l’Agence Bio chiffre à +8 % le développement commercial par rapport à 2023. Notant que « les ventes de vins bio en direct [586 millions €, -13 %], chez les cavistes [548 millions €, +58 %] et, dans une moindre mesure, en magasins bio [113 millions €, stable], sont en hausse », l’Agence Bio pointe que « la contribution de la grande distribution aux ventes de vins bio continue de diminuer : 14 % de parts de marché de vin bio en 2024 [202 millions €, -7 %], contre 22 % en 2019 ».

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Chelmi Le 13 juin 2025 à 09:04:17
Le BIO le moins contraignant ne serait il pas les cépages résistants qualitatifs ?
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bill et boule à Le 13 juin 2025 à 05:27:59
Le phénomène est très intéressant car il pourrait bien faire tâche d huile .D abord sur le plan national de l élan pris sur les qualifications hve 3 et hve 4 ,avec un possible décrochage des vitis sur cette migration.Mais aussi par extension ce décrochage pourrait concerner les viticulteurs decus par l absence de bénéfice concret obtenu en échange de telle ou telle initiative collective ,Environnementale comme ici ou encore et toujours par extension , commerciale et technique comme par exemple le classement des crus bourgeois du medoc. Les sociologues voire les psychologues connaissent bien ce phénomène de tentation de repli individuel face une situation de crise collective .A quoi bon en effet continuer à respecter un haut niveau de restrictions precrit par un cahier des charges toujours plus contraignant si le prix accepte par le client n évolue guère à la hausse ??? D autant que certaines autres contraintes ne peuvent être évitées et perdurent comme , entre autres , la contrainte gencode pour la gd , le numéro fda pour les usa , le code douane pour la rpc ou encore la centlisation alcool pour uk. Nombre de vitis ressentent la lassitude comprise par feu le président Pompidou et transmise alors au jeune Chirac : " les français sont las de se faire emmer..." La génération actuellement aux manettes est globalement désabusée et il va falloir beaucoup d énergie pour relancer la motivation de nos enfants et petits enfants autour de thèmes à la fois éthiques et rémunérateurs. Pas facile .
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