Ce sont les hydroxydes de cuivre, selon de récents essais menés par le Comité Champagne, entre 2021 et 2024. « Appliqués à la dose de 400 g/ha de cuivre métal en pré-floraison, Héliocuivre et Champ Flo – deux hydroxydes de cuivre – se sont montrés plus efficaces au champ que le Cuproxat SC, la Bouillie Bordelaise RSR Disperss et le Nordox 75 WG », précise Marie-Laure Panon, responsable du service écosystème et protection du vignoble du comité. Afin d’en faire la démonstration, les expérimentateurs ont, après le traitement et après une pluie, prélevé des feuilles, qu’ils ont inoculées avec du mildiou en laboratoire. Ils ont ensuite mesuré le taux d’infection de ces feuilles en comparaison avec des feuilles non traitées. « Les différences d’efficacité entre les quatres formulations de cuivre sont les mêmes quelles que soient les conditions climatiques. »
« En fonction de la vitesse de pousse, toutes les 2-3 feuilles, afin de protéger les organes néo-formés, suggère Marie-Laure Panon. En particulier si la pression mildiou est forte ou que des pluies orageuses sont prévues. Lors de récents essais, nous avons observé un maintien de l’efficacité quelle que soit la formulation testée, après 20 mm voire 30 mm de pluie. Cela suggère donc de renouveler le traitement en priorité en fonction de la pousse plutôt que de la pluviométrie. » Ces essais ayant été menés uniquement sur feuilles, le Comité Champagne ne remet pas en cause les usages pour le moment. Et préconise de conserver la règle « des 20 mm » quant au renouvellement de la protection.
« Toujours avant la pluie, c’est primordial, rappelle Éric Maille, conseiller viticole Agrobio Périgord. Ce sont les ions cuivre, en solution dans l’eau, qui agissent sur le mildiou en empêchant la germination des spores. Autrement dit, le cuivre n’est efficace que quand il pleut, d’où la nécessité absolue de traiter avant. »
Lors de ses essais menés au vignoble en 2022, le Comité Champagne a noté une amélioration de l’efficacité du cuivre appliqué, quelle que soit sa formulation, après une pluie de 20 mm. « Un phénomène qui pourrait s’expliquer par une redistribution du produit par la pluie », précise Marie-Laure Panon.
Difficile à dire. Selon Éric Maille, la dose minimale efficace dépend du type de pulvérisateur utilisé. « En confiné, 50 g/ha peuvent suffire, mais si on pulvérise en face par face, ce sera a minima 150 à 200 g/ha. » D’après Marie-Laure Panon, tout dépend du contexte de la région viticole dans laquelle on se trouve. « Le mode de conduite, la densité de plantation, la performance du pulvérisateur sont autant de paramètres qui déterminent la quantité de produit réellement appliquée sur la cible et définissent cette notion de dose minimale efficace, explique-t-elle. Lors de nos derniers essais en 2022 et 2023, nous nous sommes aperçus que cette dose dépendait aussi de la formulation de cuivre utilisée. Et sur un modèle expérimental en laboratoire, nous avons constaté que celle-ci est huit fois supérieure pour le produit le plus efficace (un hydroxyde) comparée au moins efficace (un oxyde cuivreux). » Selon le Comité Champagne, ce sont les doses répétées de produits cupriques qui permettent d’atteindre les quantités minimales de cuivre nécessaires et donc une efficacité acceptable.
« À ce jour, aucune étude ne prouve vraiment l’intérêt d’associer différentes formes de cuivre, assure Éric Maille. Mais l’expérience a permis de constater qu’un hydroxyde de cuivre libère plus rapidement ses ions qu’un sulfate ou un oxyde. Les mélanger peut apporter un petit plus en assurant une libération progressive des ions cuivre, d’où une protection plus étalée dans le temps. » Le conseiller viticole Agrobio Périgord rappelle toutefois que les spécialités commerciales contiennent des coformulants et des adjuvants destinés à optimiser leur efficacité. « La vitesse de libération des ions cuivre – et l’intérêt de mélanger les différentes formes – reste donc tout de même à vérifier. »
Lors d’essais menés entre 2022 et 2024, les sociétés De Sangosse et Certis-Belchim sont parvenues à identifier une véritable synergie entre les deux produits Armicarb et Nordox 75 WG dans le cadre de la lutte contre le mildiou. « En associant systématiquement 2 ou 3 kg/ha d’Armicarb à chaque traitement au Nordox 75 WG, nous avons constaté un gain d’efficacité de 5 à 10 % sur grappe, par rapport au Nordox 75 WG seul », détaille Johanna Sigel, cheffe de marché vigne De Sangosse. Elle précise que « l’association est d’autant plus intéressante que l’Armicarb a toute sa place dans la lutte contre l’oïdium, le black-rot et le botrytis ».