our résumer, 2023 est « une année de stagnation pour le bio » pose Laure Verdeau, la directrice de l’Agence Bio, présentant ce jeudi 13 juin les derniers chiffres de la filière biologique. Pour certains, ce sera un exploit face à l’inflation qui sape conjoncturellement la consommation, pour les autres se sera le signe d’un déséquilibre structurel entre offre et demande. Dans tous les cas, les dernières statistiques sont là : en 2023, le vignoble bio s’étend sur 171 265 hectares, soit une augmentation de 2 % en un an. Un léger développement croissance, dans la lignée du tassement des +6 % de 2022 par rapport à 2021, loin des +17 % en 2021, +21 % en 2020, +24 % en 2019…
Une faible croissance en 2023 certes, mais pas une décroissance pointeront les optimistes. Un début d’enraiement avec le repli craindront les pessimistes. Si en 2023, le vignoble recense 131 790 ha certifiés bio (+21 %), il n’en recense plus que 39 475 ha en conversion (-34 %). Le vignoble bio sera en voie de stabilisation pour l’assimilation des nouvelles conversions pour les uns, il sera en mal d’attractivité économique pour les autres. Les statistiques de l’Agence Bio donnent de loin comme premier département viticole bio la Gironde, qui regroupe 26 384 ha de vignes bio, en baisse de 5 % par rapport à 2023 (la crise commerciale du vin en vrac et la pression mildiou du millésime 2023 peuvent l’expliquer). Viennent ensuite le Gard (18 577 ha en 2023, +1 % par rapport à 2022), l’Hérault (15 858 ha, stable), le Vaucluse (15 844 ha, +4 %), l’Aude (12 381 ha, -3 %), le Var (11 450 ha , +6 %)… Avec des dynamiques de croissances ou de repli différentes selon les zones*.
Dans l’absolu, la France reste le premier vignoble bio mondial souligne Jean Verdier, le président de l’Agence Bio : « à défaut de crier "Champagne !", poussons un "Cocorico !" bio, accompagné de biscuits roses pâles de Reims, et continuons d’investir sur le bio, agriculture d’intérêt général, même en période de crise » (voir encadré). Une crise notamment commerciale pour l’ensemble des produits bio, mais qui tient plutôt de la mutation pour les vins bio, qui restructurent leurs réseaux de commercialisation.


Alors que toutes les filières agricoles doivent « compenser le désengagement de la grande distribution en privilégiant la vente directe », comme le résume l’Agence Bio, la filière vin ne fait pas exception : « la vente directe représente désormais la moitié des ventes de vins et est en hausse de 2,3 points ». Avec 1,35 milliard d’euros en 2023 (+9 % par rapport à 2022), les ventes de vin en France se répartisse entre 673 millions € pour la vente directe (+14 %), 345 millions € chez les artisans et commerces (+12 %), 217 millions € dans la grande distribution généraliste (-5 %) et 111 millions € dans la distribution spécialisée (+1 %),
* : Vignoble hôte, la Champagne reconnaît son retard dans le développement de la bio. « La Champagne demeure la région viticole française la plus en retard dans la conversion en bio, ne représentant que 8 % du vignoble en 2022, contre 22 % du vignoble français » rapporte Jérôme Bourgeois, le président de l’Association des Champagnes Biologiques, qui estiment que les 620 structures viticoles champenoises « représentent l’avenir de notre vignoble, de notre appellation, en pratiquant une méthode culturale préservatrice des sols, de la biodiversité et de l’eau ». Les 2 600 hectares en bio sont à 57 % en conversion, temoignant d’une dynamique champenoise vers le bio.
Pour Philippe Camburet, le président de la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique (FNAB), « il est incompréhensible, dans le contexte de crise que connaît la bio actuellement, que le ministère de l’Agriculture et le ministère de l’Ecologie financent encore des mesurettes environnementales et laissent mourir la Bio en silence » Dans un communiqué publié ce 13 juin, le ministère de l’Agriculture annonce que l’aide « aux exploitations en agriculture biologique ayant subi des pertes économiques importantes » sera augmentée de 15 millions d’euros pour augmenter l’enveloppe initiale de 90 millions € et atteindre les 105 millions de demandes enregistrées. « Le lancement des paiements des dossiers débutera dès la semaine prochaine » ajoute le ministère.