es années à forte pression de la maladie, ajouter de l’hydrogénocarbonate (ou bicarbonate) de potassium à un mélange cuivre-soufre, à un stade de forte sensibilité de la vigne au black-rot, peut faire la différence en bio. C’est ce que confirment les derniers essais menés au vignoble en 2024 par l’IFV, dans le cadre du projet Zéro black-rot.
« Dans le Beaujolais, sur une parcelle de gamay, nous avons comparé l’efficacité sur feuilles de différents programmes de traitement contre le black-rot, rapporte Xavier Burgun, coordinateur du projet pour l’IFV. Et il s’avère qu'au stade clé de la préfloraison, l’ajout d'Armicarb (bicarbonate de potassium) au mélange cuivre et soufre, apporte une véritable plus-value. Alors que la modalité cuivre-soufre mouillable seuls, renouvelés tous les dix jours, a présenté une efficacité de seulement 15 % sur feuille, la même modalité mais avec l'ajout de 2 kg/ha d’Armicarb au cinquième traitement (effectué à la mi-mai, au stade préfloraison) a permis de monter à 40 %. » L’essai ayant été mené avant floraison, les expérimentateurs n’ont pas pu déterminer l’effet des hydrogénocarbonates sur les grappes.
Un autre essai, mené cette fois-ci en Nouvelle-Aquitaine sur une parcelle de vidoc, apporte toutefois la réponse : l’Armicarb améliore également l’efficacité sur grappes, surtout si on l’ajoute dès le départ. « L’application d’un mélange de cuivre, de soufre et de 4 kg/ha d’Armicarb lors des cinq premiers traitements s’est révélée être la modalité la plus efficace, indique Xavier Burgun. Avec ce programme, au stade grain de pois (début juillet), on obtient 95 % d’efficacité sur grappes, contre 70 % pour la modalité cuivre-soufre seuls. Nous avons également observé une efficacité de 81 % sur grappe pour la modalité soufre-Armicarb, contre 50 % pour les rangs traités uniquement avec du soufre. »
L’effet produit est-il le même pour tous les hydrogénocarbonates du marché ? Lors des essais menés en Nouvelle-Aquitaine, les résultats montrent qu’entre le VitiSan (hydrogénocarbonate de potassium), le Carpet (hydrogénocarbonate de sodium) et l’Armicarb (bicarbonate de potassium), c’est ce dernier qui se montre le plus intéressant en association avec le soufre. « 48 % d’efficacité sur l’intensité sur grappe, contre 24 % pour la modalité soufre-VitiSan, et 27 % pour la modalité soufre-Carpet », rapporte l’étude. « La présence de coformulant dans l’Armicarb pourrait expliquer cette différence d’efficacité », souligne Xavier Burgun.
Mais selon l’expert, l’intégration de l’hydrogénocarbonate de potassium dans les programmes anti-black-rot présente toutefois un frein : son prix. « À 15 €/kg, il ne fait pas le poids face à un soufre mouillable à 2 €/kg, rappelle-t-il. Mais c’est un produit polyvalent, déjà homologué contre l’oïdium et le botrytis, qui s’est révélé efficace sur le black-rot et pourrait apporter un plus contre le mildiou. Les années à forte pression, s’il est positionné au bon moment, au stade nouaison – une période de forte sensibilité –, il peut apporter une véritable plus-value en matière de protection de la vigne. Le choix du positionnement passe par l’observation de l’état sanitaire des parcelles et l’utilisation d’OAD de façon à anticiper les contaminations à venir. »
Autre piste pour lutter contre le black-rot en bio : l’ajout d’huile essentielle d’orange douce dans les programmes. En 2024, toutefois, l’effet s’est avéré très mitigé. Et entre 2021 et 2023, les expérimentateurs ont obtenu des taux d’efficacité de l’ordre de 40 % sur feuilles, mais d’à peine 20 % sur grappes. « Les huiles essentielles ont des temps d’action très courts, et sont lessivables, précise Xavier Burgun, de l’IFV. Les années à forte pression, où la pluviométrie est importante, leur efficacité est donc très irrégulière. »