es taches de mildiou sur niellucio dès le 14 avril, aussi bien sur la côte orientale que dans le sud de l’île. Directeur du pôle végétal du Centre de recherche viticole de Corse (CRVI), Gilles Salva n’avait jamais vu ça. « D’habitude, il faut attendre le mois de mai ». La faute aux 300 mm tombés depuis le début de l’année, « avec de grosses pluies sur la fin du mois de mars et des orages continus depuis qui entretiennent l’humidité ». 2025 lui fait pour l’instant penser à 2018 et 2008. Conseillère viticole pour la Chambre d'agriculture de Haute-Corse, Anne-Gaëlle Dubreuil-Lachaud confirme. « Depuis mars, il pleut et il fait gris presque tous les jours. La semaine dernière, il est tombé 150 mm entre le mercredi et le weekend, et malgré le retour d’un vent séchant, plusieurs parcelles sont encore inaccessibles. Le ciel est plus dégagé ces jours-ci, il faut espérer que cela dure. ». Embêtés dans leurs travaux du sol et leurs chantiers de plantations, les vignerons ont jusqu’ici également eu du mal à assurer une protection phytosanitaire efficace, alors que la vigne est bien réceptive aux maladies cryptogamiques. Même si la pousse a été ralentie par les retards de désherbage et l’installation de nuits fraîches après un débourrement précoce, la vigne présente en moyenne 6 feuilles étalées et des boutons floraux agglomérés, « soit un retard de 5 jours sur 2024, avec une hétérogénéité entre les régions et les expositions. »
Vues les conditions météorologiques, Gilles Salva s’attendait à une explosion du mildiou fin avril. « Ce n’est finalement pas encore le cas mais je vois de plus en plus de symptômes, surtout sur le niellucio qui est le cépage le plus précoce et le plus sensible, et sur grenache. » Encore discret, l’oïdium a formé les premiers drapeaux sur carignan et touché des parcelles précoces à historique. Anne-Gaëlle Dubreuil-Lachaud relève déjà de premiers foyers de black-rot, « à des fréquences et intensités qui restent faibles mais sont bien le signe d’un printemps très humide, comme l’excoriose sur feuilles. »
Black-rot (Crédit: A-G D-L)


La conseillère signale également la présence de botrytis, sur feuilles, et plus inhabituellement, sur rameaux, « qui pourrissent et se nécrosent. » Elle recommande aux vignerons concernés d’utiliser du Vitisan ou de l’Armicarb pour le sécher et limiter la casse. Avant la destruction des couverts, elle a aussi été surprise, « alors que l’hiver a été froid », de voir beaucoup d’escargots et de cétoines. « Les coléoptères se sont particulièrement attaqués aux cépages duveteux comme le vermentino. Au fur et à mesure de la pousse, on voit apparaître de gros trous dans les feuilles de certaines parcelles, décrit-elle. Le début de campagne n’est vraiment pas de tout repos ! »
Dégâts de cétoines
Anne-Gaëlle Dubreuil-Lachaud témoigne enfin des premiers vols de cicadelles, sans pour l’instant pouvoir dire s’il s’agit des cicadelles vertes ou des cicadelles africaines qui ont fait chuter le rendement de 60% dans certains secteurs l’an passé.