a belle semaine du 7 avril a permis une progression nette des stades phénologiques sur la grande majorité des parcelles du vignoble bordelais. « La chaleur a accéléré le début de cycle qui était déjà 5 a 6 jours en avance sur la moyenne des 25 dernières années », calcule David Pernet, responsable du service conseils de Sovivins. « Les vignes qui étaient déjà un peu avancées ont pris deux trois à feuilles en une semaine. On tend à être sur une année dans les moyennes précoces, alors que la vigne avait du retard sur 2024 à l’allumage », confirme Aurélie Albert, conseillère viticole sur le Médoc pour Phloème. Sur le réseau de parcelles du Bulletin de Santé du Végétal, au 15 avril, les parcelles les plus avancées ont atteint le stade "feuilles étalées / grappes visibles" voire "7-8 feuilles étalées", tandis que les parcelles plus tardives sont comprises entre les stades "pointe verte" et "1ère feuille étalée".
Les conseillers s’attendent à voir la pousse ralentir avec le refroidissement et les huit jours de pluie consécutifs annoncés à partir de ce weekend de Pâques. « Les premiers traitements se généralisent sur tous les cépages et parcelles tardives, avec une base de cuivre et de soufre pour prévenir le mildiou, le black-rot et l’oïdium pour lequel certains modèles donnent un petit risque », rapporte Aurélie Albert. Dans les vignes en feuilles, la majorité des vignerons avaient traité il y a dix jours en prévision des pluies prévues à tort par la météo à partir du samedi 12. « Tout le monde a pris ses précautions en prévision de la pluie et de la semaine des primeurs. Finalement seule la zone allant des Graves à Saint-Emilion a pris 20 mm lundi 14, sous forme d’orage qui ne s’est heureusement pas accompagné de dégâts de grêle », indique-t-elle.


Après deux millésimes traumatisants, les viticulteurs sont tentés depuis un moment de sortir leur pulvérisateur à la moindre pluie annoncée. « Nous avons essayé de les tranquilliser et de temporiser jusqu’à la semaine dernière », continue Aurélie Albert. « Au regard du suivi de maturation des œufs d’hiver, des captures de sporée, et de tous les éléments complémentaires qui permettent de se rapprocher de la vérité, la pression sanitaire apparaît nettement plus modérée que l’année dernière à la même date, notamment grâce à l’hiver et au début du printemps plus secs qu’en 2024, mais la pluie annoncée la semaine dernière justifiait bien un premier passage sur les parcelles ayant atteint 3 feuilles », appuie David Pernet. Le risque mildiou est aujourd’hui plus important sur la rive droite de la Garonne, « où les deux derniers épisodes pluvieux ont été plus significatifs ».
Du côté des ravageurs secondaires, les conseillers remarquent ce début de millésime une résurgence d’escargots. « Dans le Médoc, il n’est pas rare d’en compter 8 à 10 par ceps sur les argilo-calcaires en bord d’estuaire. Plusieurs dizaines de viticulteurs sont concernés sur des surfaces importantes. Cela faisait au moins 5 ans que nous n’avions pas observé une telle pression », détaille Aurélie Albert. David Pernet en voit aussi sur les secteurs à historique de la rive droite. Le phénomène est surprenant compte tenu de la vague de froid au cœur de l’hiver et des conditions plus sèches qu’en 2024. Les dégâts sont pour l’heure contenus par la pousse rapide de la vigne, les épandages de granulés bio à base de phosphate ferrique et les ramassages à la main.
Si le millésime bordelais démarre globalement dans de bonnes conditions, David Pernet souligne une fertilité des bourgeons « nettement inférieure à la moyenne et à celle des années 2023 et 2024. » Les modélisations réalisées par Sovivins à partir des conditions météorologiques vécues par la vigne lors de l’initiation florale du millésime précédent sont confirmées par les observations réalisées en ce moment sur les parcelles précoces. « Les inflorescences sont moins nombreuses et leur structure et plus ou moins ramifiée voire en partie vrillée », regrette David Pernet. La météo qui accompagnera la floraison sera déterminante pour le rendement.