orteva multiplie les partenariats et les rachats pour devenir le premier vendeur de produits de biocontrôle et de biosolutions. Après avoir investi en 2024 dans le capital de Micropep Technologies, la firme annonce ce 18 juin un partenariat de recherche pluriannuel avec cette start-up toulousaine capable, en combinant des algorithmes avancés et des bioessais à haut débit, d’identifier dans les plantes des « micropeptides », de petites protéines composées de dizaines d’acides aminés aux propriétés antifongiques. « Ce partenariat va nous permettre de grandir et, nous l’espérons, de gagner du temps sur la mise en marché de notre premier micropeptide contenant des acides aminés repérés dans le génome de la tomate ayant la faculté de réguler l’oïdium et le mildiou de la vigne et de protéger d’autres cultures », se réjouit Mikael Courbot, directeur technique de Micropep. De son côté, Corteva accède à une technologie qu’elle ne maîtrisait pas jusque-là, à une librairie de micropeptides qu’elle va pouvoir tester, et obtient des droits exclusifs à l’échelle mondiale pour leur utilisation en tant que biofongicides.
L’année dernière, Micropep a récolté 27 millions d’euros pour faire les essais réglementaires de son premier biofongicide à spectre large. « Nous déposerons un dossier l’année prochaine en vue d’une homologation en Europe en 2030 », annonce Mikael Courbot.
Ce produit agit comme un multisite en faisant des trous dans les membranes dans champignons pathogènes avec de faibles risques de résistance. Il est testé en France pour la troisième campagne, « en Champagne, à Bordeaux, et dans le Languedoc, en collaboration avec plusieurs instituts techniques. » Dans les conditions de très forte pression fongique de 2024, il a donné de bons résultats en solo sur l’oïdium. Sur le mildiou, il a fallu l’associer à des produits de biocontrôle, comme le cuivre,des phosphites, ou des produits pénétrants. « Nous maîtrisons l’actif mais continuons à travailler sur son intégration aux programmes de traitement des viticulteurs, dans l’objectif d’économiser des phytos et de faire baisser les IFT. Cette année, notre objectif est aussi de finaliser sa formulation et ses adjuvants pour le rendre plus résistant au lessivage », indique le directeur technique, révélant que le produit semble également efficace sur botrytis. « Et peut-être sur d’autres pathogènes encore. Nous le vérifierons dans les prochaines années. »
En parallèle, Micropep et Corteva vont rechercher d’autres séquences d’acides aminés complémentaires du premier produit ou ayant des propriétés chimiques différentes. En explorant tout le champ des micropeptides, la start-up pense aussi pouvoir trouver un nouvel herbicide.