e 5 juin, une vingtaine d’élus du Conseil départemental de l’Hérault, de la Communauté de communes Vallée de l’Hérault, et de la Fédération des IGP de l'Hérault ont retrouvé des conseillers viticoles de la Chambre d’agriculture sur le centre équestre du domaine des 3 Fontaines, au Pouget, pour s’enquérir du comportement de la collection de 16 variétés résistantes Inrae-Bouquet plantée en 2019, et des parcelles de G5 et G9 installées en 2020 et 2021 sur 40 ares chacune dans l’objectif de compléter le réseau régional de parcelles vigneronnes sous convention Inrae. Pour compléter ce site « vitrine » ouvert aux professionnels comme au public, 40 ares de cépages étrangers provenant de pays chauds et donc potentiellement adaptés à la sécheresse ont encore été plantés en février 2025 sur différents porte-greffes et à plusieurs densités. « Tout est en place, il ne nous reste plus en concertation avec le vigneron Benjamin Peytavy qui gère les vignes au quotidien sous contrat de prestation avec la Fédération des IGP, qu’à lancer des semis de couverts végétaux et planter des haies aux abords des parcelles pour faire de ce site un véritable pôle viticole agroécologique et pédagogique visant à promouvoir l’agriculture de demain », annonce Tiphaine Cambournac, responsable de l'Observatoire viticole de l'Hérault, avant d’inviter le groupe à suivre Nathalie Fortin, chargée d’expérimentations pour la Chambre d’agriculture et responsable du suivi de ces parcelles.
Le premier arrêt se fait devant l’îlot « sécheresse ». « Nous avons poussé l’essai à son paroxysme en réalisant cette plantation sur un sol très très filtrant de sable et de galets pour mettre la vigne dans des contraintes hydriques très stressantes. Le plantier sera irrigué pendant 2 ou 3 ans, puis nous laisserons la vigne se débrouiller toute seule », présente Nathalie Fortin. Ici, sept cépages sont plantés en damier : le terret et le rolle, faisant office de témoins, et cinq blancs étrangers déjà classés et autorisés par le cahier des charges de l’IGP Hérault, l’alvarinho, l’assyrtiko, le fiano, le verdejo et le verdelho. « Nous avons mis en place tout un protocole de suivi d’implantation des plants, et suivons la vigueur procurée par différents porte-greffes autorisés en France, en prenant le 110 Richter pour témoin. D’ailleurs, nous commençons déjà à voir des différences de hauteur entre les blocs » poursuit la chargée d’expérimentations, précisant encore que les cépages ont été plantés à différents écartements dans le rang. « 90 cm entre chaque souche, 1,10 mètre ou 1,30 mètre. En plus du cépage et du porte-greffe, nous verrons aussi quelle densité de plantation permet une meilleure tenue à la sécheresse. Nous avons en revanche décidé de ne pas changer l’écartement entre rang pour éviter aux vignerons intéressés d’avoir à réinvestir dans du matériel. »
Rendez-vous ensuite devant la parcelle de G9, faisant cette année sa quatrième fleur. « Cette parcelle ne sert pas à l’évaluation de la Valeur agronomique technologique et environnementale (VATE), celle-ci étant réalisée sur les domaines de Pech Rouge et de Cazes, dans l’Aude, précise Nathalie Fortin. Son intérêt est de comparer le comportement agronomique du G9 avec celui d’autres variétés résistantes déjà classées plantées dans les rangs adjacents. Par exemple, nous nous sommes aperçus que le G9, le floréal, le soreli, le souvignier gris, ou le voltis faisaient beaucoup moins de rejets sur le tronc que le muscaris. Comme pour l’îlot « sécheresse », nous étudions différents porte-greffes, et nous avons en plus mis en place différents modes de conduite, un cordon de royat palissé, une taille mécanisée palissée, et, à l’extrême, quatre rangs de non-taille à partir d’un tronc monté à 1,2 mètre. »
Pour boucler la boucle, les élus rejoignent en fin de matinée Elodie Roger, chargée du suivi administratif et technique du projet expérimental pour la Fédération des IGP de l'Hérault, pour une dégustation des premières cuvées de G5 et G9 récoltées aux 3 Fontaines et vinifiées par le domaine Vinoval, à Saint-Jean-de-Fos. Les vins sont jugés désaltérants, fruités, agréables, et bien équilibrés. Si elles font leurs preuves au niveau agronomique, ces deux variétés ont toutes leurs chances d’être adoptées par les viticulteurs et d’arriver jusqu’aux consommateurs. Une nouvelle visite cette fois-ci réservée aux professionnels est organisée le 12 juin. « Et nous continuerons de manière régulière à organiser des ateliers de dégustation », promet Tiphaine Cambournac.