lors que se bousculent dans l’actualité les débats politiques clivants sur les contraintes agricoles (le bon sens paysan alliant pourtant durablement aspirations écologiques et réalités économiques) ou les loupés réglementaires (comme le rendez-vous manqué pour la dérogation de traitement par drone des vignes inondées en Provence), relevons deux signaux d’écoute et de compréhension de la filière vin par l’administration et les parlementaires. Ce jeudi 5 juin, un acte administratif lève la contrainte horaire des traitements phytos de vignes en fleur limités à 5 heures en fin de journée (en cas de pression mildiou, oïdium et black-rot) et le Sénat vote à l’unanimité la proposition de loi venue de l’Assemblée nationale créant une amende de 1 500 € pour les vignes abandonnées (qui ne sont pas arrachées après une injonction).
Deux sujets qui font râler dans le vignoble, où l’incompréhension cédait à la colère face à l’impossibilité de protéger en 5 heures son vignoble face aux pluies diluviennes, où la lassitude se disputait au courroux devant des parcelles abandonnées devenant des réservoirs à maladie sans pouvoir imposer leur arrachage. Deux combats syndicaux mobilisant la Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à Appellations d'Origine Contrôlées (CNAOC). À laquelle l’administration n’a pas fait une fleur, mais a appliqué une dérogation basée sur des faits (la vigne n’est pas une culture attractive pour les insectes pollinisateurs). Pour laquelle les sénateurs n’ont pas mis à l’amende des amendements pouvant empêcher l’adoption conforme (ce qui aurait retardé une application attendue dès ce mois de juin).
Certes, ces avancées sont encore à traduire concrètement, pour vérifier que les attentes seront comblées, mais elles témoignent que les choses peuvent avancer afin d’aider la filière qui en a bien besoin. Si des simplifications administratives sont déjà obtenues*, de nombreuses autres sont encore à arracher pour répondre aux attentes exprimées par les vignerons début 2024 pour gagner en productivité, compétitivité et rentabilité. Ce dernier point étant central, nécessitant d’urgence des investissements dans la protection contre les aléas climatiques (pour maintenir les rendements, la commercialisation, etc.) et une revalorisation des prix bénéficiant à toute la filière (les outils réglementaires ne manquant pas : loi Egalim et Organisations de Producteurs, prix d’orientation sur les vins bio et HVE, prix recommandé sur les vins en vrac AOP et IGP…). L’urgence est là, les demandes précises également, il faut désormais les concrétiser. Mais membres de la filière vin, « avez-vous cependant une pleine assurance
D'avoir assez de vie ou de persévérance ? » comme le posait Corneille dans Polyeucte (1643).
* : La CNAOC ayant également obtenu ces derniers mois des évolutions sur le calcul des surfaces en production ou la prise en compte de l’agroforesterie.