omme l’arbre qui cache la forêt, le mildiou a fait oublier à beaucoup la faiblesse des réserves d’eau souterraine et superficielle dans les Pyrénées-Orientales. Pas au préfet, qui a décidé par arrêté du 28 mai dernier de maintenir le niveau d’alerte et les restrictions d’usage dans l’est du département, autour de Perpignan. Dans des vignobles comme Maury ou Tautavel, l’irrigation doit encore être réduite de 25%.
« Il est tombé sur le pays catalan 488mm entre septembre 2024 et mars 2025, soit 98% d'une saison normale mais la situation hydrique générale demeure préoccupante après trois années de sécheresse, détaille Laurent Duret, consultant pour l’Institut coopératif du vin (ICV). Malgré l’humidité et les orages, lorsque l’on regarde les cumuls de précipitation du printemps et les données des sondes capacitives, on s’aperçoit que les sols filtrants sont en déficit dans presque tous les vignobles. Au final, ce qui semble être une année pluvieuse est une année trompeuse. »
Dans l’ouest de la plaine des Aspres, à Maury, ou à Rivesaltes, l’œil expert du consultant repère déjà des ralentissements de pousse sur des parcelles de syrah cumulant les années de sécheresse. « Si la floraison s’est globalement bien déroulée dans ces secteurs _ exception faite de la coulure sur grenache_ les 34°C prévus la semaine prochaine et la chaleur annoncée cet été risquent de faire jaunir tout ce qui est joli aujourd’hui » alerte Laurent Duret. Bernés par les orages, les vignerons relancent pour le consultant « trop timidement » l’irrigation. « Des producteurs de vins de pays ont redémarré il y a quelques jours. Une dérogation a également été obtenue en AOP. Ceux qui sont équipés ne doivent plus hésiter. Les muscats de plaine terminent déjà la phase critique de la nouaison et les couches superficielles du sol ont besoin d’être un minimum rechargées avant de se dessécher en été quand l’arrosage sera interdit ou impossible faute d’eau. » Les vignobles maritime comme le cru banyuls et ceux aux sols argileux semblent quant à eux à l’abri de la sécheresse. Sans revenir sur le mildiou, Laurent Duret y voit « de très belles choses ».
Mardi 27 mai, le préfet de l’Aude a réuni le premier comité de gestion de l’eau de 2025 afin de dresser le bilan hydrologique de la saison hivernale et d'engager la gestion de la sécheresse pour l'été. À l’échelle du département, malgré les pluies régulières à partir de mars, la recharge est déficitaire pour la troisième année consécutive. « On observe de fortes disparités entre l’ouest du département, où les précipitations sont proches de la normale voire excédentaires sur certains secteurs, et le centre et l’est, où le déficit reste très marqué, notamment dans les Corbières. L’humidité des sols suit ces tendances et reste déficitaire dans l’est du département et la haute vallée de l’Aude » indique le communiqué accompagnant l'arrêté portant mise en place de mesures de restrictions provisoires des usages de l'eau.