n avril (semaine 17), les contractualisations globales de vins d’appellations pour l’ensemble de la vallée du Rhône (655 800 hl) affichaient un retard de 3% par rapport aux 2 précédentes campagnes à date, soit 1,05 million hl contre 1,08 Mhl auparavant. « La petite récolte 2024 et une tendance à la surcontractualisation l’an dernier expliquent ce léger retard, sachant que la seule appellation régionale côtes du Rhône montre quasiment un équilibre, -1%, avec la campagne n-1 ou la moyenne des 3 dernières campagnes », pose le responsable du service économique d’InterRhône.
Ces Côtes du Rhône avaient pourtant pris un peu de retard en début de campagne, une accélération s’est donc faite sentir au printemps, particulièrement dynamique sur les rosés, +9% fin mars par rapport à l’année précédente, même si les rouges constituent 83% des volumes contractualisés dans l’appellation. Un opérateur de négoce de la vallée pointe une lecture différente depuis le terrain, expliquant que « la détermination d’un objectif de prix à 120€/hl pour le Côtes du Rhône rouge 2024 a précipité les opérateurs sur les lots restants de 2023 et même 2022 en début de campagne. Si bien que ça bouge peu sur le 2024 et que, la campagne avançant, les prix vont baisser ».
Le président des courtiers de la vallée du Rhône Christophe Pasta confirme cet attrait de début de campagne pour les millésimes antérieurs « car ça permettait aux opérateurs de ne pas augmenter les prix face à la grande distribution ». Il explique cependant que « les grandes marques de prestige et les opérateurs récurrents sont passés aux achats sur le 2024 au prix d’objectif, en privilégiant évidemment les meilleures qualités proposées, l’équilibre de fin de campagne peut donc être fragile car les besoins de trésorerie des caves vont les obliger à vendre ». Il constate surtout un glissement du changement de millésime de février-mars auparavant à juin aujourd’hui.
Mais le service économie d’InterRhône indique « des cours des côtes du Rhône bien orientés, même si le marché reste tendu, mais on n’a pas vu les dérapages de prix ou de volumes de l’an dernier où à date, plus de la moitié des volumes de côtes du Rhône étaient à moins de 120€/hl », ajoute Sébastien Lacroix qui indique des prix moyens pour les 2024 « à 129€ pour les rouges, +8% par rapport à N-1 et stable par rapport à la moyenne triennale, 191€ pour les blancs, stable mais à -6% par rapport à la moyenne triennale, et 125€ pour les rosés, +10% par rapport à N-1 et +12% par rapport à la moyenne triennale ». Pour Christophe Pasta et l’opérateur de négoce, les qualités restant à présent disponibles correspondent à des profils d’entrée ou cœur de gamme, et il sera peut-être difficile de tenir le prix d’objectif jusqu’au bout de la campagne. « Il y a peu d’activité et des vins disponibles à l’échantillonnage, c’est possible d’avoir des lots de Côtes du Rhône à moins de 100€/hl », tranche même le négociant. Le courtier a en revanche « du mal à trouver des lots de côtes du Rhône blanc alors qu’il y a de la demande à des prix fermes ».
Les sorties de chai enregistrées par InterRhône sont pourtant restées positives (+2%) jusqu’en avril, grâce à une progression à date (août 2024 à fin mars 2025) de 3% sur les vracs, stable sur le conditionné. En côtes du Rhône (chiffres à fin mars). Le seul Côtes du Rhône est encore mieux orienté que le global Rhône, à +10%, avec un vrac à +11% et un conditionné à +8% sur les 8 premiers mois de campagne. C’est en revanche plus tassé pour des appellations comme Ventoux, Luberon ou Costières où les volumes de sorties sont en baisses respectives de -15%, -19% et -7%, bien que leurs cours se maintiennent en contrepartie. « Depuis deux ans, les cours des appellations satellites rouges s’alignent avec ceux des côtes du Rhône, que les acheteurs ont tendance à privilégier à prix égal », analyse le courtier Christophe Pasta.
Cette campagne se caractérise également par ses stocks de départ, en forte baisse pour les Côtes du Rhône en raison de l’institutionnalisation « de la baisse de rendement depuis 2023 et le recours important à la distillation de crise, provoquant une baisse de 16% de ces stocks en début de campagne, soit un ratio qui est passé de 12,3mois à 11,1mois », affine Sébastien Lacroix. Le global des AOC régionales (hors Crus) affichait -9% de stocks de début de campagne, le ratio passant de 12,9 mois à 12,7 mois. En revanche, les sorties de chais 2023-24 avaient reculé pour les Crus, augmentant les stocks de 12% pour les Crus méridionaux (ratio de16,3 mois à 20,5 mois) et 5% pour les septentrionaux. « Ce qui n’est pas négatif pour certaines appellations, Crozes-Hermitage ou Saint-Joseph, où les stocks s’étaient tendus », souligne Sébastien Lacroix.