ccuper l'espace. Ce jeudi 1er mai en fin de matinée, devant la Villa Malbec et l'Office du tourisme installés sur la place principale de Cahors, Lucien Dimani se tient prêt à faire déguster ses vins gratuitement. Le vigneron du domaine Le Bout du Lieu à Luzech dans le Lot a choisi quatre vins différents. « Un rosé, un malbec sur le fruit, une autre malbec boisé avec plus de structure et un ratafia », décline le vigneron, membre du bureau de l'Union interprofessionnelle des Vins de Cahors et des Côtes du Lot (UIVCCL). Il est l'un des premiers vignerons de l'interprofession à tester cette nouvelle proposition oenotouristique.
Désormais pour chaque pont et sur toute la période estivale, un vigneron Lotois devrait proposer une dégustation de 10h30 à 12h30, à Cahors, près du bâtiment où se trouve l'Office du Tourisme et la Villa Malbec, l'espace de promotion des vins du Lot.
Cette proposition vient de l'Office du tourisme Cahors - Vallée du Lot qui cogère la Villa Malbec avec l'UIVCCL depuis début avril. « Cela fait au moins 4 ans que nous réfléchissions à travailler ensemble. Les deux espaces sont juste à côté. Ils ne sont séparés que par une porte », explique Lucien Dimani, également vice-président du syndicat de défense du vin AOC Cahors. La situation économique difficile, liée principalement aux aléas climatiques, a accéléré cette mutualisation. Dans cette nouvelle organisation, il n'y a plus de salarié dédié chaque jour aux dégustations. « La baisse des ventes » et par ricochet « celle des cotisations, ne nous le permettent plus. Nous sommes obligés de faire différemment », conclut Lucien Dimani qui a immédiatement soutenu la proposition d'animation de l'Office du tourisme. « Les clients aiment parler directement au vigneron, voir quelqu'un du terrain, appuie-t-il. En plus, ce type d'animation permet de rectifier un défaut que nous avions avant. Les visiteurs ne pouvaient pas acheter de vins à la Villa. Cela a pu nous faire perdre des ventes. » Ce 1er mai, le vigneron a pris quelques cartons avec lui. « Le but n'est pas de concurrencer les cavistes, mais de faire une proposition supplémentaire. Plus on fait déguster, plus il y aura de ventes aux domaines comme chez les cavistes. »


Ces animations, en complément de distributeurs qui permettent de déguster en autonomie pendant les horaires d'ouverture de l'Office, ont déjà été développées ailleurs sur le territoire. « C'est quelque chose que nous organisons les lundis et mardis de l'été depuis 2020 à Vinoltis, un centre d'interprétation sur le vignoble de Cahors à Puy-l'Evêque », explique Romane Lhuillery, chargée de mission oenotourisme, agritourisme et référente gastronomie de l'Office du tourisme. « Ce sont des animations qui fonctionnent bien, car certains visiteurs ont peur d'aller chez le vigneron, de déguster et de ne rien acheter s'ils n'aiment rien. D'autres ne se sentent pas assez connaisseurs pour aller au domaine ».
La principale difficulté, du côté des vignerons, est de se rendre disponible pour cette nouvelle activité. En plus du travail à la vigne, au chai, au commerce, « on est aussi plombier, charpentier, maçon... On fait beaucoup de choses nous-mêmes », glisse Lucien Dimani. Dégager du temps pour cette activité n'est pas forcément la priorité. D'autant plus que ce sont encore les débuts. « Les 20 premières fois, ce sera sûrement un flop, analyse Lucien Dimani, habitué à ce type d'exercices. Mais c'est du visuel. Les gens nous voient, ils passent devant et au bout d'un certain nombre de fois, ils viennent. » Et le vigneron de conclure : « cela prend du temps de construire quelque chose. »