e millésime 2024 dans le Lot devrait battre un triste record. Celui de la plus petite récolte. « Au niveau des IGP, on devrait être à 12 000 hectolitres », estime David Girad, président de l'IGP Côtes du Lot. « Et pour les AOC, on va être à 45 000 hl maximum », complète Nicolas Fournié, président du syndicat de défense du vin AOC Cahors. Cette année, le vignoble a été touché par le gel de printemps. Certaines des parcelles épargnées ont, elles, été amputées par le millerandage. Le millésime 2024 s'inscrit dans une série noire pour le département qui décompte cinq petites récoltes sur les huit dernières années. Depuis « un an et demi, les trésoreries sont exsangues », rappelle David Girard. Cette nouvelle petite récolte ne fait qu'accroître les difficultés. Certains vignerons ont déjà reporté leurs annuités auprès des banques, d'autres ont contracté des prêts de trésorerie.
« On se dit qu'il faut trouver des solutions pour être en capacité de redémarrer », insiste Nicolas Fournié. Et pour cela, il faudrait pouvoir payer les fournisseurs. « Or pour obtenir des prêts auprès des banques c'est de plus en plus compliqué, car les stocks sont bas. C'est plus difficile de garantir le financement ». Et David Girard de proposer : « Nous aurions besoin d'un plan Marshall pour la viticulture française comprenant un dispositif qui servirait de garantie auprès des banques. Ainsi, on pourrait payer les distributeurs. »


Cependant, les deux représentants du vignoble lotois l'assurent, les quelque 300 viticulteurs du département résistent. « Maintenant, il faut anticiper, pour être prêts quand on produira de nouveau. Il faut y croire, pour les jeunes », insiste David Girard. « D'autant que le potentiel, on l'a. En 2022, notre dernière meilleure récolte on a produit 50 000 hectolitres en IGP et 140 000 hectolitres en AOC », renchérit Nicolas Fournié. « L'arrachage est une des propositions avancée, mais elle ne sera pas suffisante. »
Pour mieux se préparer les différents organismes (UIVC, AOC Cahors et IGP Côtes du Lot), qui vont créer une structure (L'union interprofessionnelle des vins de Cahors et des Côtes du Lot, UIVCCL) pour se rassembler, ont voté mardi 15 octobre la validation d'un contrat avec le directeur de la chambre d'agriculture du Lot, Laurent Magot. « C'est un contrat de trois mois, renouvelable trois mois. Il va réaliser un mini-audit, pour nous aider à nous organiser », explique David Girard. Les cinq salariés de ces organismes devraient à terme être mutualisés. Durant sa mission, Laurent Magot, le manager de transition, va également avoir la tâche d'aller chercher des financements. Cela va nous permettre « de poser les bases de la filière lotoise », indique Nicolas Fournié « et de définir une stratégie », ajoute David Girard.
Les deux représentants de la viticulture espèrent que la mise en place d'une équipe bien organisée permettra d'arriver à bout de plusieurs travaux qu'ils ont entrepris : « la résilience sur la production et le projet viticole, le changement climatique ou encore les nouveaux profils de vins », énumèrent-ils. Les élus se montreront par ailleurs attentifs aux demandes d'arrachage. « Aujourd'hui, le vignoble lotois, ce sont 4 500 hectares, présente Nicolas Fournié. Il faut qu'on sache quel sera le visage de la filière dans les années à venir pour mieux définir nos projets. »