ancée cet automne sur la place de Bordeaux, la cuvée "grand malbec" du château de Haute Serre est-elle inédite ?
Tim Banks : C’est une nouvelle cuvée. 2022 en est le tout premier millésime. Ce vin est le fruit d’un projet initié dans les années 1990 avec une stratégie de changement/évolution pour le vignoble de Haute Serre. Bertrand-Gabriel Vigouroux a arraché et replanté une partie du vignoble et commencé un nouveau parcours technique avec comme objectif de faire de grands vins. En 2009, il avait initié le projet ‘Icône WOW’ (parce qu’il voulait que le vin génère cette réaction à la dégustation). Au bout de 10 ans de recherche et de perfectionnement dans les chais, c’est en 2022 qu’il atteint son objectif de cuvée d’exception.
Quel en sera le tirage ?
Nous commercialiserons 6 000 bouteilles dès la première année (à peu près 80 % de la production).
Quelle sera la part vendue par la place et en combien de tranches ?
La distribution se fera exclusivement au travers des négociants de la Place de Bordeaux en une seule tranche. Il y aura d’autres ventes directes au public au domaine et dans nos trois magasins à Cahors. Nous travaillons avec le courtier Excellence Vins et leur soutien, malgré la conjoncture, est une marque de confiance importante. Le pool de Négociants se forme et se complétera d’ici la mise en marché (on compte déjà Barrière Frères, Ballande & Méneret, Veyret Latour, Louis Viallard…)
Quels seront les prix affichés ?
Le prix consommateur sera de 180 € TTC dans notre boutique au domaine. Le prix professionnel rémunèrera tous les maillons de la chaîne correctement pour leur travail de commercialisation.
Les dernières campagnes, d’automne 2023 et des primeurs, ont été très mitigées. Notamment hors-Bordeaux où l’abondance d’étiquettes pas forcément identifiées pour leur capacité à dégager de la plus-value par les acheteurs. Comment le château Haute-Serre compte-t-il tirer son épingle du jeu ?
Beaucoup ont sauté sur le train en marche ces dernières années. Je n’ai aucun doute que la place fera son nettoyage elle-même. Le manque de liquidités et la pression financière seront des antidotes impitoyables. Nous concernant, l’histoire millénaire de notre région, l’importance de son cépage autochtone, le malbec, et l’expérience de la famille Vigouroux, sont des atouts majeurs et uniques. Concernant le terroir, soit on a un sol du Kimméridgien sidérolitique traversé d’une veine d’argile bleue du Mésozoïque, soit on ne l’a pas. Tout ceci représente un capital unique et une légitimité forte pour la création de valeur sur le long terme. Ceux qui ont eu l’occasion de nous rendre visite à Cahors et de découvrir ce grand malbec français ainsi que la démarche du vigneron, comprennent pourquoi cette cuvée a toute sa place aux côtés des grands vins de Bordeaux et d’ailleurs.
Mais pour réussir sur la place, la qualité d’un vin ne suffit pas à elle seule… La réussite repose également sur l’expérience de ceux qui le commercialisent. La place de Bordeaux n’est qu’un élément dans la construction d’une stratégie de marque et nous sommes conscients que le succès se construira sur le long terme. A mon avis, il ne faut pas mélanger le système des primeurs avec le marché hybride "hors Bordeaux". Les règles du système des primeurs ne peuvent pas être appliquées au marché "hors Bordeaux" sans adaptation. Les succès d’Opus One, de Masseto et d’Ornellaia viennent du fait que le négoce a su s’adapter. Le marché du malbec n’est que du business additionnel pour les négociants. Nous ne sommes ni en concurrence avec les châteaux de Bordeaux ni avec les autres acteurs "hors Bordeaux" déjà établis. Le marché du malbec est un marché international sous exploité par la place jusqu’à présent.
Bertrand-Gabriel Vigouroux envisage-t-il de sortir d’autres vins via la place, notamment pour le château Mercuès ?
Non, il n’y a pas de sortie prévue pour d’autres vins de la maison Vigouroux pour le moment. Les aléas climatiques dans la vallée ne permettent pas autant de projection sur notre deuxième domaine actuellement.