l y a quelques jours, le ministère de l’Agriculture a dévoilé les 27 premiers projets lauréats du plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures (PARSADA). « Trois concernent la vigne et seront déployés dès cette année pour 5 ans », annonce Éric Chantelot, référent phytosanitaire de l’Institut français de la vigne et du vin (IFV).
Le premier projet baptisé « Savoir » est porté par Xavier Burgun de l’IFV et Francois Delmotte de l’INRAE de Bordeaux dans le cadre de l’Unité mixte de recherche SEVEN (Santé des écosystèmes viticoles économes en intrants). « L’objectif est d’acquérir des connaissances sur l’inoculum primaire, un sujet qui n’a jamais vraiment été travailler, de tester différentes méthodes de prophylaxie pour le contrôler entre la fin des vendanges et le début des contaminations des feuilles de vigne, et de vérifier qu’une intervention sur le cycle sexué du mildiou ou du black rot diminue bien la pression durant la campagne », décrit Eric Chantelot. L’élimination des feuilles à l’automne ou l’application de produits de biocontrôle après les vendanges font partie des pistes envisagées par les partenaires. « Il y a 30 ans, les viticulteurs appliquaient du cuivre en toute fin de saison », rappelle l’expert. Les suivis de l’inoculum dans le sol en hiver puis de la sporée aérienne au printemps pourraient par ailleurs venir enrichir les outils d’aide à la décision (OAD). Centralisé à Bordeaux, le projet Savoir prévoit le déploiement d’essais dans différents bassins viticoles sur un réseau de parcelles supervisé par l’IFV, les interprofessions, ou les chambres d’agriculture.
Le second projet baptisé « GetUp » est piloté par Corine Vacher de l’INRAE et Bordeaux Sciences Agro et embarque neuf unités de recherche, l’IFV, et le groupe Moët Hennessy. « C’est un projet ambitieux visant à caractériser le microbiote sol-vigne pour identifier des microorganismes naturellement présents capables d’entrer en compétition avec le mildiou ou le black-rot. Pour cela, nous allons les prélever sur les feuilles ou les grappes et les mettre au contact des agents pathogènes dans des boîtes de pétri », continue Eric Chantelot. Les partenaires étudieront quelles pratiques agroécologiques favorisent la présence au vignoble de micro-organismes capables de protéger la vigne en agissant sur l’agent pathogène ou en stimulant les défenses naturelles de la plante. A plus long terme, l’idée est également de combiner les microorganismes d’intérêt et de les formuler en de nouveaux produits mis à disposition des viticulteurs.
Le troisième projet baptisé « Parici » est un projet multifilières porté par l’Institut de l’agriculture et de l’alimentation biologiques (Itab). « L’enjeu est de s’appuyer sur des « living-labs » réunissant des producteurs, des chercheurs, des entreprises et des consommateurs sur plusieurs territoires pour tester des scénarios de culture sans aucun cuivre », commente Eric Chantelot. Deux de ces living-labs concerneront la viticulture, dans le Sud-Est et à Bordeaux.