menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Viticulture / "Fini le temps où les vignerons passaient commande pour toute la saison !" Des achats de phytos au coup par coup
"Fini le temps où les vignerons passaient commande pour toute la saison !" Des achats de phytos au coup par coup
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Traitements, fertilisation
"Fini le temps où les vignerons passaient commande pour toute la saison !" Des achats de phytos au coup par coup

Dans les régions en difficulté, les vignerons n’achètent plus qu’en petite quantité les produits et au plus près de leur date d’utilisation. Les distributeurs revoient leur offre et leurs conditions de paiement pour soulager la trésorerie des viticulteurs.
Par Elisa Centis Le 25 février 2025
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
« Pour les traitements, c’est fini le temps où les vignerons passaient commande pour toute la saison. Désormais, ils ne prennent plus que pour deux ou trois passages »,explique un distributeur - crédit photo : Cedric FAIMALI/GFA
C

’est un comportement que tout le monde semble avoir adopté : l’achat au coup par coup et à la dernière minute. « Pour les traitements, c’est fini le temps où les vignerons passaient commande pour toute la saison. Désormais, ils ne prennent plus que pour deux ou trois passages », observe Axel Martinez, responsable technique et réglementaire chez Vernazobres, un distributeur qui couvre les Côtes-Du-Rhône gardoises, les Bouches-du-Rhône, le sud de l’Ardèche et une partie de l’Hérault.

Une mesure pour étaler les paiements

Une attitude qui répond à une nécessité économique. « Cela permet d’étaler les paiements et de ménager la trésorerie », explique Fabrice Boulet, responsable opérationnel des équipes commerciales CAPL, coopérative de distribution basée à Avignon. Cette entreprise facture ses clients en fin de mois pour un paiement dans les 45 jours qui suivent. « Historiquement, nous vendions la fertilisation d’octobre à décembre précédant la campagne. Mais, depuis le début de la crise, en 2023, les vignerons achètent au dernier moment, très près des apports en culture. Du coup, notre activité s’est déplacée. Maintenant, de janvier à mars, tous les métiers se chevauchent : fertilisation, santé végétale, palissage », illustre Fabrice Boulet.

Des achats fonction de la pression parasitaire

Même les vignerons en bonne santé financière se sont mis aux achats au coup par coup. « Les années se suivent et ne se ressemblent plus, insiste Jean-Christophe Tsakonas, directeur commercial chez Peris, un négoce présent dans tout le Languedoc-Roussillon. Les vignerons s’approvisionnent en fonction de la pression parasitaire ou de la pousse de la vigne. Cela est valable pour les produits phyto, les engrais foliaires et la fertirrigation. »

En plus de la volonté de garder des marges de manœuvre et de s’adapter à la météo de la campagne, les viticulteurs redoutent que des produits soient retirés du marché. « Il faut éviter de se retrouver avec une quantité importante de produits qu’on ne peut plus utiliser », prévient Axel Martinez. Enfin, dernière explication à ces achats au coup par coup : « Nous sommes dans une période d’instabilité. Les vignerons sont des personnes comme les autres, souligne Jean-Christophe Tsakonas. Dans ce contexte un peu anxiogène, quand il n’y a pas d’urgence, ils préfèrent faire des économies pour avoir de quoi voir venir. »

Baisse des ventes de fertilisants

Dans le détail, les distributeurs observent une baisse de leurs ventes de fertilisants. « C’est le premier marché touché », assure Fabrice Boulet. Et de préciser : « Les viticulteurs bio vont davantage vers des matières moins nobles : des déchets verts, des sous-produits de distillerie, des fientes de volaille. Ils délaissent les produits plus techniques comme l’humus, les tourteaux de végétaux, le fumier de mouton, ou encore le guano de poisson. Chez les viticulteurs conventionnels, nous assistons à des impasses de fertilisation ou au choix de produits plus simples (azote seul) ou moins techniques, avec moins d’azote à libération progressive et moins d’engrais organiques. »

« S’ils ont des difficultés financières, les vignerons préfèrent mettre moins d’engrais ou faire une impasse que de commander quelque chose qu’ils ne peuvent pas payer », explique Jean-Christophe Tsakonas.

Les produits performants en encadrement de floraison

S’agissant de la protection fongicide, « même si les exploitants cherchent à faire des économies, en encadrement de floraison, ils restent généralement sur les produits les plus performants, et souvent les plus coûteux afin de sécuriser leur récolte », observe Axel Martinez.

Autre tendance, le développement de la mise en concurrence. Chez CAPL, de nouveaux visages se présentent. « Des personnes qui n’étaient pas clientes chez nous viennent demander nos tarifs pour savoir où elles en sont, indique Fabrice Boulet. Et cette mise en concurrence va même au-delà de nos frontières. On voit arriver de plus en plus de produits importés et des vignerons qui retournent s’approvisionner en Espagne. »

Négociation des prix

De son côté, Éric Bisetto, le directeur d’Inovitis, filiale viticole de Maïsadour (Gironde, Landes, Gers), observe une volonté de négocier les prix. « Mais nous ne pouvons pas abandonner nos marges car nous sommes également en difficulté en raison du contexte actuel, indique-t-il. Toutefois, nous pouvons entrer en discussion si les vignerons font également un effort, par exemple en échange d’un règlement comptant ou s’ils acceptent d’être livrés avant fin janvier car cela nous permet d’anticiper. »

Dans ce contexte, des distributeurs observent une hausse des encours. « En général, les vignerons soldaient la campagne à la fin de l’année. Maintenant, certains solderont 2024 sur les premiers mois de 2025. Les échéanciers sont plus longs qu’avant », constate Fabrice Boulet. Chez CAPL, un « pacte coopératif » a été mis en place. Il s’agit d’un contrat permettant aux viticulteurs d’étaler sur la campagne (jusqu’à 9 mois) le règlement de leurs factures. « Avec la crise, ils sont de plus en plus nombreux à y avoir recours pour lisser leurs paiements », indique Fabrice Boulet.

Des plans de remboursement si besoin

Chez Vernazobres, une personne a été recrutée début 2023 pour accompagner les vignerons qui ont besoin d’échelonner leurs paiements. « Notre objectif, c’est de ne pas laisser un client sur le côté sans pour autant nous mettre en difficulté. À partir d’un certain niveau d’encours, cette personne est chargée de contacter le vigneron pour mettre en place un plan de remboursements. Mais si nous n’avons pas de retour du vigneron, nous arrêtons les livraisons. » Même si le montant des ardoises augmente, « car il y a depuis deux ans de plus en plus de retards de paiements, grâce à ces plans de financement, on ne finit pas l’année en négatif ».

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (1)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
augustin Le 03 mars 2025 à 06:16:21
la filière s organise entre fournisseurs prestataires et viticulteurs et c est une bonne chose... par contre ce que cela révèle en creux est le très rapide désengagement des banques au niveau de la trésorerie de la filière... et le risque est de transformer la viticulture 2025 en un château de cartes .Puisque tout le monde edt en flux tendu,le moindre rappel msa ou dgfip précipitéra tout ce petit monde en cessation de paiement puis en liquidation judiciaire , Et dans ce cas , adieu veau vache cchon cuvée . La pression sur les banques ne peut venir de la seule rurale de varenne et de ses deux prêts genevard .c est à bercy et la fbf de prendre le relais pour warrants les stocks , escompter les traites.A défaut le système va s arrêter pour de bon et le re démarrage sera compliqué : notre amie la vigne a besoin de nos soins constants et notre fils le vin itou.
Signaler ce contenu comme inapproprié
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - CDD Château de La Rivière
Vaucluse - CDI PUISSANCE CAP
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Viticulture
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé