os travaux viticoles enregistrés automatiquement : voilà la promesse de Scopix, commercialisé par la société francilienne Ortix. Cette innovation comprend trois parties : un tracker -une sorte de smartphone- installé dans la cabine du tracteur et qui vous géolocalise ; une balise installée sur vos outils pour identifier l'intervention en cours ; une application qui recueille et classe ces données en temps réel. À la clef : un cahier de culture informatisé, disponible sur ordinateur ou smartphone.
Jean Manciat, vigneron HVE sur 9,5 hectares à Charnay-lès-Mâcon (71), l'expérimente depuis 2023 pour ses traitements, ses labours, ses semis et ses rognages. « Avant de commencer, l'entreprise doit répertorier les parcelles, ce qui peut prendre du temps, explique-t-il. Ensuite il suffit d'apposer des balises sur chaque outil, et c'est prêt. Au début, il faut s'approprier le système, accepter de changer ses habitudes. Ensuite, on ne peut presque plus s'en passer ! ».
Avis partagé par Sébastien Malherbe, viticulteur HVE sur 16 hectares à Davayé (71). Il utilise Scopix depuis 2022. « Pour un traitement, je peux tout préparer la veille. Le tracker me demande la ou les parcelles que je veux traiter, le stade végétatif, le produit, la cible et la dose que je compte appliquer. Puis l’application me calcule la quantité de produit et de bouillie à mettre. Et m'alerte si la dose ou la date de renouvellement ne respecte pas la réglementation. Tout ça en 2 minutes ! »
Le lendemain, « il n'y a plus qu'à préparer la bouillie et se rendre à la parcelle », poursuit Sébastien Malherbe. Une fois dans les vignes, Scopix demande de confirmer l'intervention. « On répond oui, puis le tracker enregistre le chantier. Une fois rentré au domaine, il n'y a rien à écrire : tout est informatisé. Plus qu'à éteindre le tracteur et rentrer chez soi. Rien de mieux après 10 heures de traitement !», apprécie le vigneron qui estime gagner environ une heure de temps d’enregistrement après chaque traitement depuis qu’il utilise cette solution.
« L'intérêt principal de Scopix concerne la protection phyto car pour les travaux du sol, les semis ou les rognages, on a moins de traçabilité à effectuer », abonde Jean Manciat. Encore que... « Scopix est aussi intéressant avec ces outils car quand on arrête de travailler au milieu d'une parcelle, il note où on en est ». Sébastien Malherbe ajoute qu'« un système de notes vocales permet de préciser, pendant une intervention, qu'on voit un piquet cassé ou un pied pas taillé. On retrouve ensuite cette note sur l'application, avec un point indiqué sur la carte. C'est très pratique. »
Une traçabilité plus efficace, mais aussi plus rigoureuse, estime Jean Manciat. « Jusqu'ici, j'avais un cahier rudimentaire, qui consistait en des tableaux remplis à la main sur de grandes feuilles, que j'accrochais au mur. Ce n'était pas toujours lisible. Maintenant, ce cahier informatisé est plus clair et plus précis. Si on me demande mes IFT, je suis plus serein. Et je n'ai plus à recopier : il suffit d'imprimer. En cas de contrôle HVE inopiné, c'est l'idéal».
Jean Manciat souligne ici un petit bémol. «Comme l'application enregistre chaque intervention parcelle par parcelle, on se retrouve avec une longue liste et on peut parfois s'y perdre. Par exemple, j'ai 108 activités pulvé enregistrées rien qu'en 2023. Cela mériterait une présentation plus synthétique, avec peut-être un code couleur par type d'intervention». Une amélioration qu’il soumettra probablement aux équipes d'Ortix.
En communication régulière avec la société, nos deux exploitants lui suggèrent fréquemment des perfectionnements. Sébastien Malherbe a ainsi demandé l’intégration d’un compteur pour les trous qu’il réalise à la tarière en vue de remplacer les manquants. Pour sa part, Jean Manciat aimerait que le sens de circulation dans le rang soit indiqué pour chaque intervention.
L'un comme l'autre apprécient « une équipe disponible en cas de besoin et à l'écoute ». Un point essentiel, car les deux vignerons voient dans Scopix un grand potentiel, au-delà de la traçabilité. « Comme l’application calcule le temps de chaque intervention, elle pourrait m'aider à fixer le barème de mes tâcherons. Ou à comparer les coûts de deux itinéraires techniques », espère Jean Manciat. De son côté, Sébastien Malherbe envisage « d'établir des coûts de production précis, qui pourraient aider à élaborer ma grille tarifaire ».
Un mode piéton devrait bientôt arriver. L'occasion d'équiper les ouvriers d'un tracker ? « Je ne le ferai pas », tranche Jean Manciat. « Pourquoi pas, mais seulement pour préciser les temps de travaux, pas pour surveiller», insiste Sébastien Malherbe. Ce vigneron, très porté vers les nouvelles technologies, a également intégré à son tracteur des capteurs de rendement et de maladie Chouette. Son projet : combiner ces données techniques à la traçabilité Scopix. « À partir de là, les possibilités sont infinies », projette-t-il.
Ortix propose plusieurs formules d'abonnement à Scopix, en fonction du nombre de trackers fournis et de parcelles intégrées. Le tarif de base, qui comprend un premier tracker et 20 parcelles au maximum s'élève à 380€ par an. Ce à quoi il faut ajouter l'achat des balises, à 38 € l'unité. « Quand ils m'ont annoncé le prix, j'ai pensé que ce serait bien plus cher », apprécie Jean Manciat. Idem pour Sébastien Malherbe « c'était bien moins cher que les concurrents que je connais » Le viticulteur de Davayé apprécie aussi « le mois d'essai gratuit, sans lequel je n'aurais pas tenté »