ous les secteurs de l’économie se digitalisent, « et le monde du vin ne va pas y échapper », prédit le président de la Wine Tech Laurent David. Or, si « un grand nombre de startups de l’association ont nativement pris en compte la data dans leur stratégie de développement, soit comme "carburant " de leurs offres soit comme "outil d’aide à la décision" », ce n’est pas le cas de tous les acteurs de la filière, qui « doivent pourtant adopter une approche « data-driven » s’ils veulent rester durablement compétitifs en relevant des défis complexes, tels que la nécessité de s’accroître, de maximiser les rendements, de réduire leur impact environnemental ou encore d’améliorer la qualité de leur vin tout en s’adaptant aux changements climatiques ».
Pour éclairer les « dubitatifs » et les inviter à « passer le cap », le nouveau livre blanc de la Wine Tech fait témoigner plusieurs chercheurs et spécialistes du digital. Côté marketing, ils expliquent par exemple que « dans un marché segmenté où la valeur ajoutée compte davantage que les volumes, la data peut permettre de justifier un positionnement « premium » auprès des acheteurs en apportant des preuves de traçabilité (contrôle d’oxygène, polyphénols, historique d’élevage…) ou adapter son offre en continu en croisant les données de préférence gustative ou de ventes, ou identifier les marchés prêts à payer le “juste prix” pour des cuvées spécifiques ».
L’association milite pour la mise en place de plateformes de partage de données techniques et commerciales sécurisées et anonymisées permettant aux producteurs, négociants et distributeurs d’accéder à des benchmarks (rendements moyens, tendances de prix…) Elle prend l’exemple en Espagne de l’Observatorio de la Viticultura del Cambio Climático, une base de données publiques sur le climat, pour orienter les pratiques viticoles durables, en Australie, de la plateforme Wine Australia sur les rendements ou les suivis des maturations, à destination des chercheurs et des viticulteurs, ou, aux Etats-Unis, de la Wine Data Exchange (WDX) qui fluidifie l’échange de données entre producteurs et distributeurs.
Selon la Wine Tech, « ces écosystèmes ont favorisé la création de services à haute valeur ajoutée (outils de pilotage, analyses de marché, diagnostics environnementaux) et renforcé la compétitivité à l’international ». En France, de telles mutualisations supposent de lever plusieurs freins énumérés dans le livre blanc (lourdeurs des investissements dans des capteurs, logiciels, forte culture du secret…) et, surtout, de trouver parmi les interprofessions, syndicats chambres d’agriculture, instituts techniques, … un chef de fil capable de piloter ce gros dossier.