Saint-Émilion, le château de Saint-Pey est devenu le laboratoire d’innovations du groupe Sarments Vignobles (châteaux de Saint-Pey, Vieux Maillet, de Lussac, Cantereau, et Saint-Jean de Lavaud). Lors de l’inauguration de son nouveau chai, le 6 septembre dernier, son propriétaire Frédéric Stévenin a rappelé son projet entamé en 2011 d’en faire le « château le plus digital de Bordeaux ».
Au vignoble, cela fait huit ans que son directeur général associé Anthony Appollot collabore avec l’entreprise Chouette pour développer ce qu’il appelle la « pulvérisation intelligente ».
Chaque semaine pendant la période des traitements, une caméra multispectrale embarquée sur un drone ou sur un tracteur relié à un GPS RTK survole ou passe dans les 26 hectares de vignes. « Elle repère le moindre symptôme de mildiou ou d’oïdium », assure Anthony Appollot. Toutes les images sont envoyées en temps réel aux ingénieurs de Chouette. « En croisant des algorithmes d’intelligence artificielle à des modèles agronomiques, ils nous renvoient une cartographie de préconisations de doses de traitement, avec des zones quadrillées de 60 cm par 60 cm, que nous importons sur notre console Trimble pour gérer l’ouverture et la fermeture des buses, et le débit de notre pulvérisateur à panneaux récupérateurs », continue le directeur délégué. En 2023, ce système a permis 27% d’économie de bouillie bordelaise.
Le château de Saint-Pey et Chouette ne sont pas prêts de se quitter. « Nous tentons désormais de développer à partir de la même caméra multispectrale un capteur de rendement, capable d’anticiper la quantité de vendange et sa qualité », dévoile Anthony Appollot, qui ne manque pas d’autres idées.
La vinification aussi est digitalisée. « Toutes les nouvelles cuves sont équipées d’un système de remontage automatique développé par la société AP3M. Nous pouvons tout gérer à distance, comme le froid et le chaud, et suivre sur smartphone la densité et le niveau de CO2 dans le chai. Comme je dois intervenir sur plusieurs sites, c’est très pratique », reconnaît le directeur délégué.
Lors de l’élevage du millésime 2024, un partenariat est prévu avec le tonnelier Nadalié et l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin (ISVV) pour comprendre comment les grains et l’origine du bois influencent le vin. « L’idée est d’arriver à standardiser les barriques en fonction du profil souhaité », détaille Anthony Appollot. Une salle est aussi réservée à l’expérimentation de foudres, d’amphores, et de cuves béton.