u’est-ce qui fera du salon que Wine Paris 2025 sera un succès lors de son bilan ?
Rodolphe Lameyse : Ce ne sont pas les superlatifs de chiffres qui feront le succès du salon. Le chiffre du visitorat ne le mesurera pas. Le succès se fera par une visibilité sur les tendances géopolitiques alors que chaque jour est accompagné de rumeurs sur des taxes sur tels pays. Un autre volet est de réamorcer la pompe de l’optimisme. Par le contact et la discussion, il faut que la filière des vins et spiritueux apporte collectivement quelque chose de positif. Même si cela peut être de la méthode Coué au départ, il faut que s’amorce la reprise des affaires.
On sent en ce début 2025 le même appétit de commercialisation qu’au début 2024 pour les exposants de Wine Paris…
Le fait que l’on ait ce même sentiment en 2025 signifie que cela ne s’est pas produit en 2024. Mais tellement de choses se sont passées en 12 mois… Ce sentiment veut dire que le salon Wine Paris est devenu le thermomètre et le baromètre de la filière. Le thermomètre pour la température des affaires. Le baromètre pour le moral des entreprises. Depuis plusieurs années, la gestion d’une entreprise, viticole ou non, est devenue la gestion d’une succession de crises. C’est devenu le Vendée Globe.
Après l’objectif de 40 000 visiteurs en 2024, celui de 50 000 en 2025 sera-t-il atteint ?
On devrait le dépasser. Il y a quelques années, je regardais tous les jours la courbe des enregistrements de visiteurs. Des clients m’appelaient pour savoir si tel acheteur serait bien présent… Ce n’est plus le cas, le salon de Paris s’est installé.
C’est le signe qu’unie, la filière vin peut réaliser des choses inenvisageables avant.
C’est vrai pour tout. Être concurrent, c’est bien, être uni, c’est mieux. La filière a les atouts pour affronter les crises actuelles. Attention, je n’occulte pas que cela soit très compliqué actuellement pour des vignerons en France qui souffrent économiquement. 2025 sera une année difficile à passer, mais il faut y arriver. Il faut se retrousser les manches. Je souhaite que tout le monde retrouve la confiance dans le climat d’affaires. La confiance, ça se gagne et c’est aux politiques d’apporter de la stabilité et de la visibilité. Il n’y a pas besoin d’ajouter de supplément d’incertitude. Ce sera le message à l’inauguration (réunissant ce lundi 10 février la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, le ministre délégué chargé du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, et la ministre déléguée chargée du Tourisme de la France, Nathalie Delattre).
Alors que la filière vin parle déconsommation et décroissance de son potentiel de production, le calendrier des salons commerciaux reste très conséquent : Millésime Bio (27-29 janvier à Montpellier), salon vins de Loire (3-5 févier à Angers), Wine Paris, ProWein (16-18 mars à Düsseldorf), Vinitaly (6-9 avril à Vérone), London Wine Fair (19-21 mai à Londres)… Un plan d’arrachage des salons est-il inévitable ?
Vous me posez la même question depuis 5 ans… Et j’aurai la même réponse. Il y aura une sélection des évènements. Des salons ont vocation à continuer de grandir, d’autres ont des propositions très pertinentes et spécifiques pour se maintenir. Ceux entre les deux sont voués à disparaître. Je suis assez satisfait de l’offre de valeur de Vinexposium, nous couvrons tous les territoires. Même si nous regardons les opportunités de marché non-couvertes sur le long-terme. Quand nous avons lancé Vinexpo en Inde, personne n’y croyait, même dans nos équipes. Cela reste très modeste par rapport à Paris, mais il y a un besoin confirmé. Il ne faut pas craindre de changer. Quand nous avons quitté Bordeaux pour Paris, cela semblait être une folie : aujourd’hui, plus personne ne le remet en question.
Les salons off montent également en puissance en marge de Wine Paris, comme Degré Zéro pour les no-low ou l’évènement de Demeter et de la Levée de la Loire : est-ce la rançon du succès ?
Oui, on a toujours connu des évènements offs. Certains ont compris que juridiquement et éthiquement il est mieux de se mettre en horaires décalés. Certains non. Je ne m’interdis pas à un moment donné de mener des actions juridiques pour protéger le nom et la valeur du salon Wine Paris. Que des organisateurs de salons parasites ne soient pas surpris s’ils reçoivent un papier bleu…