près deux années d’observations de l’effet d’apport de biochar associé à des engrais verts sur des parcelles de grenache et de vermentino plantées au domaine du Mas Cremat (Espira de l’Agly) et au domaine des Schistes (Estagel), l’animateur du CivamBio66 Nicolas Dubreil a perdu son enthousiasme. « Le biochar ne sauvera pas à lui seul la viticulture des Pyrénées-Orientales » tranche-t-il.
Epandu mi-mai 2023 à 2 tonnes/ha à 30cm du cavaillon, puis enfoui à 20cm avec une griffe, le biochar n’a pas épargné les vignes de la baisse de rendement constaté sur l’ensemble du bassin de l’Agly en 2024. Nicolas Dubreil explique que « le biochar n’a pas eu d’effets notables sur les mises en réserve à l’automne 2023, les sorties du printemps 2024, ou les vigueurs du millésime. Fin août lors des vendanges, les ceps de la modalité amendée ont donné autant de raisins que les ceps témoins et que la modalité simplement enherbée avec un engrais vert, autour d’1kg sur le grenache et 2kg sur le vermentino irrigué ».
Le conseiller a quand même observé des choses intéressantes. « Les tests que nous avons faits avec un cylindre en PVC ont révélé une meilleure infiltration de l’eau dans les sols ayant reçu du biochar, et les mesures des sondes tensiométriques que nous avons installées sur la parcelle du Mas Cremat à 45cm de profondeur ont montré que début août seuls les sols amendés conservaient un peu d’humidité ».
L’amélioration de la rétention d’eau a joué sur le poids des baies. En 2024 au Mas Cremat, Nicolas Dubreil a trouvé 30 grammes de plus pour 200 baies dans la modalité biochar par rapport au témoin et à la modalité simplement enherbée. Au domaine des Schistes, l’augmentation a atteint 100 grammes par rapport à la modalité enherbée et 200 grammes par rapport au témoin. « La différence était bien visible, avec des baies plus grosses et moins flétries alors que l’irrigation avait été arrêtée en juillet pour des problèmes de pression sur le réseau ». Nicolas Dubreil a également remarqué des teneurs en azote assimilable un peu plus hautes pour les modalités biochar.
L’animateur se pose plusieurs questions pour la suite : « faut-il coupler le biochar avec du compost, des couverts.. ? Si l’effet sur l’humidité du sol se vérifie, n’y a-t-il pas un risque de freiner l’exploration racinaire de la vigne ? Ne vaudrait-il pas mieux l’épandre en plein qu’en localisé comme nous l’avons fait ? » Les essais récemment lancés en Occitanie sur le sujet par différentes structures (domaines Lafage et Paul Mas, famille Fabre, Biocivam 11, CivamBio 34, Chambre d’agriculture de l’Hérault, GIEE Vignes Vertes…) devraient lui apporter des réponses.