ûr de dettes. Frappant les esprits de la filière vin, l’ouverture de la procédure de sauvegarde du domaine Tariquet, référence des Côtes-de-Gascogne, marque un tournant dans la crise viticole actuelle : les trésoreries arrivent à un point de rupture sous les coups de butoir de petites récoltes successives renchérissant des coûts de production déjà alourdis par l’inflation. Le tout alors que les marchés veulent des baisses de prix pour répondre à la chute du pouvoir d’achat de clients consommant moins de vin. Un effet ciseau qui s’étend et menace de faire tomber la dette la première tous les opérateurs fragilisés : caves coopératives comme vignerons indépendants, négociants, fournisseurs… Et pas seulement les producteurs de vins rouges de Bordeaux, du Sud-Ouest, du Languedoc et des Côtes-du-Rhône, comme en témoignent les vins blancs du Gers.
Pas de promesse de Gascon, le gros des défaillances ne paraît pas être derrière la filière mais encore devant elle, face à la lourdeur des encours et créances sur les trésoreries, autant que du poids des stocks de vin sur les prix et l’activité du marché. Allant croissantes cette fin 2024 (se concentrant surtout en Gironde), les ouvertures de procédures collectives ne vont pas s’amenuiser à court-terme, avec des signaux inquiétants en Occitanie (où les rentabilités des caves particulières et des domaines en coopératives sont mises à mal). La seule tendance positive pour l’avenir reste la croissance des sauvegardes, procédures préventives qui permettent la mise sous la protection du tribunal, du moins s’il y a anticipation pour éviter la cessation de paiement (imposant un redressement ou une liquidation).
Alors, la meilleure défaillance, c’est l’attaque ? Gelant la dette pour permettre un redéploiement stratégique, la sauvegarde repose sur le soutien d’avocats et d’administrateurs judiciaires pour avancer et ne pas péricliter en risquant la dégradation irréversible de la situation. S’il y a un risque d’effet domino, en fragilisant la chaîne des fournisseurs de la filière vitivinicole, il y a surtout un danger de perdre le contrôle de son entreprise en ayant un coup de retard. « Il n'y a rien dans le monde qui n'ait son moment décisif, et le chef-d'œuvre de la bonne conduite est de connaître et de prendre ce moment » écrivait le cardinal de Retz dans ses Mémoires (1717).