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+55 % de défaillances dans le vignoble, "quelque chose se propage, malheureusement"
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Procédures collectives
+55 % de défaillances dans le vignoble, "quelque chose se propage, malheureusement"

Pour ceux qui voient le verre de vin à moitié vide, les défaillances augmentent fortement à Bordeaux et dans le Languedoc cette fin 2024, laissant présager d’une crise économique prenant encore de l’ampleur. Pour ceux voyant le verre à moitié plein, l’augmentation plus importante du nombre de sauvegarde témoigne d’un secteur anticipant les difficultés pour tenter de les gérer en préservant activité et emploi. Le point avec Thierry Millon, directeur des études Altares Dun & Bradstreet.
Par Alexandre Abellan Le 22 janvier 2025
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+55 % de défaillances dans le vignoble,
Dans le vignoble, « la situation se dégrade alors que les défaillances sont déjà à un haut niveau » prévient Thierry Millon, pour qui « il n’y a pas d’amorce d’amélioration sur aucune des régions ». - crédit photo : DR
V

ous venez de publier le bilan des défaillances (ouverture par le tribunal de sauvegarde, redressement et liquidation) pour l’année 2024 : quelle est la tendance pour la filière vin ?

Thierry Million : Le secteur se distingue par rapport aux autres activités où l’on voit certains signaux positifs. Sur l’année pleine 2024, on dénombre 211 défauts dans le vignoble français, en hausse de 55 % par rapport à l’année 2023 (où il y avait 136 défaillances). C’est très au-dessus des +17 % de l’ensemble de l’économie française. Le secteur de la vigne est très tendu, sa sinistralité augmente plus vite. Sur le quatrième trimestre, la situation ne s’améliore pas. Sur les seuls trois derniers mois de l’année, on est à 62 défaillances, +59 % par rapport au dernier trimestre 2023 (39 défauts).

La Nouvelle Aquitaine passe d’une moyenne annuelle de 34 défaillances entre 2018 et 2022 à 84 défaillances sur 2023-2024. Crédit : Altares Dun & Bradstreet.

 

Quelle est la répartition de ces défaillances ?

Sur l’année, les 211 défaillances se retrouvent surtout en Aquitaine avec 116 entreprises (soit +84 % par rapport à 2023 où l’on sentait déjà que quelque chose se passait), dont 103 en Gironde qui est très clairement l’endroit où se situe le gros des difficultés. En Occitanie, le Languedoc-Roussillon compte 39 défauts (+144 %). Ailleurs, les tendances sont parfois beaucoup plus fortes, mais sur des volumes moindres. Pour Rhône-Alpes il y a 13 défaut (+8 % par rapport aux 12 de 2023). En Bourgogne on passe de 2 à 4 (+100 %). En Poitou Charentes ça monte à 10, contre 4 en 2023 (+150 %). On voit bien géographiquement où se situent les défaillances. Ce qui se confirme sur le seul quatrième trimestre 2024. Sur les 62 en totalité, il y a 35 faillites sur la Nouvelle-Aquitaine (+133 %, contre 15 l’an passé), et il faut faire attention à la tendance en Occitanie avec 19 défauts (+217 %, contre 6 l’an passé). Il y a quelque chose qui se propage, malheureusement.

 

On voit de plus en plus de mise sous sauvegarde dans la filière vin, est-ce que vous pouvez le chiffrer ?

Quand une entreprise fait défaut en France, c’est une liquidation directe dans 2 cas sur 3 pour l’ensemble de l’activité économique. Ce n’est pas du tout le cas dans la vigne, et c’est tant mieux ! Sur 211 défaillances en 2024, on a 47 entreprises liquidées (+9 %, contre 43 l’an passé), 134 redressements après cessation paiement (+65 %, contre 80) et 30 sauvegardes (+150 %, contre 12). Il y a plus de défauts, mais pas prioritairement de liquidations, ce qui offre des perspectives plus satisfaisantes, sachant que dans le monde agricole il y a plus de redressements qui sont validés. Les prononcés de tribunaux montrent la volonté de permettre à l’entreprise d’obtenir quelques mois de sursis pour présenter un étalement de sa dette aux créanciers ou de trouver un repreneur.

La sauvegarde est importante dans la filière. Cette anticipation des difficultés sans attendre la cessation des paiement est le signal que tout est fait pour s’en sortir. Sur l’ensemble de l’économie de notre pays, la sauvegarde représente à peine plus de 2 % des procédures, c’est 14 % sur la vigne. Ce n’est pas assez, mais ce taux plus élevé montre bien que dans ce métier, les acteurs sont sensibles au dispositif. Le point négatif d’une sauvegarde est que la boîte ne va pas très bien, mais le positif est que le pilotage permet d’anticiper avant être dans le mur pour préserver l’activité et l’emploi.

 

La forme de normalisation des demandes de sauvegarde est-elle le signe qu’un tabou a été levé et que la protection du tribunal devient un outil de gestion pour résoudre la crise des entreprises du vin ?

Pour que ce soit une solution, il faut anticiper. Si vous allez au tribunal sans préparer la demande de sauvegarde, vous n’allez pas obtenir le gel de vos dettes.

 

Quelle tendance prévoyez-vous pour les prochains mois dans la filière vin : encore plus de défaillances sur encore plus de bassins ?

Très clairement, il y a peu de chance que cela s’inverse sur le prochain trimestre. Il n’y a pas d’amorce d’amélioration sur aucune des régions. La situation se dégrade alors que les défaillances sont déjà à un haut niveau. C’est un mauvais signal. Le fait que l’Occitanie soit à 19 défaillances sur le quatrième trimestre 2024, c’est un très mauvais signal.

 

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Tous les commentaires (4)
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bill et boule Le 23 janvier 2025 à 03:26:18
Ce qui est extraordinaire , c est le DENI auquel on assisté à Bordeaux sur le sujet depuis 4 ans. Le service juridique de la fédération des grands vins de bordeaux dit ne pas disposer des chiffres exact ni du nombre ni de la gravite des mesures collectives en cours . Même chanson au niveau civb sans parler des principales odg qui admettent des difficultés mais prétendent ne pas en savoir plus . Le préfet s est aligne avec cet aveuglement suicidaire , tandis que les sous préfets klaxonnent. Or les règlements amiables capotent faute de cash.Ils basculent en sauvegardes .. elles mêmes tenues à bout de bras par les administrateurs .Toutefois il y a des règles et il fait les respecter et la cessation de paiement n est jamais loin.Surtout que, rappelons le, en aucun cas le stock disponible a la vente ne peut être considéré comme actif disponible et idem pour une traite non escomptée. Les magistrats tentent de cacher la misère alors , en octroyant, souvent avec bienveillance , période observation 1 puis période d observation 2 et enfin ultime po avant vendanges. C est ce chiffre la qui est l outil primordial de prévision , notamment pour 2025, . Car en l absence de reprise franche de la commercialisation, l étape ultime de liquidation judiciaire devient inéluctable pour beaucoup courant 2025 . D'un et Bradsreet le sait et est en train d infléchir son discours pour nous alerter sur le fait que le pire n est pas forcément derrière nous , comme plusieurs charlatans l ont annoncé inconsiderement. Une fois encore il y a beaucoup trop de stock partout ... et le prix de l argent est tel que plus aucun intermédiaire n achètera plus aucun col , du moins tant que ce sur-stockage continue a figurer au bilan . Les flacons achetés manifestement trop cher et en trop grand nombre sont autant de caillots. Qui empêchent la bonne circulation sanguine de la filière notamment à Bordeaux. Trois de ces funestes caillots circulent déjà dans un organisme fatigué et ils portent la référence grands crus classes millesimes 2021 2022 et 2023.... L arrivee encore possible d un 4 ème nommé 2024 serait fatale . Alternativement la percée de nouveaux grands marchés à l export comme l Amérique latine ou cet immense pays qu est l Inde peuvent constituer l issue de secours . Mais encore faut il en connaître le chemin rapidement et surtout en obtenir la clé de leur detaxation , forcement du ressort du tout nouveau gouvernement en place depuis peu . François Bayrou évoquait l himalaya ... les alpinistes évoquent davantage le Matterhorn par la face Nord ... et malheureusement nous sommes ,qui plus est en hiver .Nos guides , plus habitués à la dune du Pilat en ete , semblent soudain fébriles... so do we ...
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bill et boule Le 22 janvier 2025 à 19:42:17
Les préfets et les sous préfets le savaient , les magistrats le vivent tous les jours, bercy semble avoir helas deja arbitre en faveur des banques et de leur inaction et Mme genevard , quant a elle , ne peut donner que ce qu elle a ...c est à dire pas grand chose. C est donc plutot côté législatif que l on peut se tourner utilement : députés sénateurs assistent , sous un portail , à ce reste de jour dont s eclaire la dernière heure de la pagaille ... Puissent ils demain secouer l executif, venir en aide au judiciaire et avoir le courage de remettre la viti au cœur des priorités du pays .Questions au gouvernement , projets de loi , passage devant les 2 chambres : le droit positif doit évoluer désormais des demain ..Sinon le prochain salon wine paris puis celui de l agriculture à Paris refléteront certainement toutes les inquiétudes ,voire le stress , de la filière pour 2025 et au delà. Un comble pour des viticulteurs dont les produits apportent ,aux vrais amateurs, un vrai plaisir des sens et une stimulation positive de l esprit .
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Grami Le 22 janvier 2025 à 07:11:57
Ce qui devait arriver arriva.... Est-ce que cela étonne quelqu'un ? Et rien n'est prévu pour endiguer le problème, la deconsommation est énorme mais certains de nos grands dirigeants sont encore dans le déni, les stocks aux chais augmentent chaque jour, les articles dans Vitisphere égrennent les soucis des coops, des caves particulières et des entreprises mais nos grands chefs à plumes regardent ailleurs. Aucune stratégie, des vœux, quelques incantations, en attendant que l'orage passe...
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augustin Le 22 janvier 2025 à 05:53:35
Ces résultats ne font helas que confirmer le ressenti terrain notamment à Bordeaux.La fable selon laquelle la crise actuelle était l apanage du vrac livrable rive droite n est plus crédible.Il y a bien une crise bouteille, il y a bien une crise sur la rive gauche et celle ci touche même la vente en primeur depuis le millésime 21 et le printemps 22 soit il y a au moins 3 ans.Le civb à trente de faire croire que un arrachage muscle couplé avec une coûteuse campagne de pub apporterait la solution et ce n est pas le cas. Wine Paris s avere donc la dernière chance de vendre ce qui reste du stock qualitatif 18 19 20 , avant de s attaquer au prochain quarte beaucoup plus ardu de 21 22 23 et aintenant 24.Si les banques s obstinent à ne pas augmenter leurs en cours sur ce segment , les domaines vitis qui sont leurs clients vont partir en lj , malgré la bonne volonté de la dgfip et de la msa. Que compte faire bercy vis à vis de la fbf ??? c est la prochaine question.Sans trésorerie , aucun domaine, désormais fragilise, ne peut survivre au prochain printemps et à son cortège de dépenses tant aux parcelles que au chai.
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