a déconsommation de vin frappe de nouveau fort en 2024 sur le réseau français de la Grande Distribution (GD) : les panels NielsenIQ Homescan rapportent que les ventes de vin ont chuté de 2,8 % à la fin novembre 2024 par rapport à la même période en 2023. Cette baisse des achats de vins est surtout présente sur les foyers jeunes (-17 % pour les moins de 35 ans et jusqu’à -20 % pour un couple de moins de 35 ans sans enfants) et de classe moyenne (-15 % sur les revenus modérés, quand la consommation augmente de 5 % pour les foyers aisés). Marquée par l’inflation, les structures familiales et les revenus, cette déconsommation 2024 est accentuée par la fracture générationnelle.
« Les achats de vins tranquilles ont été divisés par 6 en 5 générations » résume Nielsen, se basant sur les chiffres de 2024 s’achevant en août. D’après ces statistiques sur les vins tranquilles, la génération née avant 1945 représente en GD l’achat de 40 litres par consommateur (représentant 86 % de la classe d’âge), quand les babyboomers (nés entre 1946 et 1964) sont à 38 l par acheteur (85 % de la classe d’âge), la génération X (1965-1980) tombe à 25 l par acheteur (72 % de la génération), les Millenials (1981-1996) chutent à 12 l par acheteur (62 % de la classe d’âge) et la génération Z (1997-2010) s’effondre à 7 l par acheteur (43 % de la génération, qui n’est pas encore totalement majeure). On retrouve la même tendance pour les vins effervescents, avec un achat « divisé par 2 en 5 générations ».


Multifactorielle, cette tendance générationnelle peut notamment s’expliquer par l’évolution des moments de consommation. Une enquête auprès de 900 personnes en juillet 2023 par Nielsen concluant ainsi que « la consommation d’alcool est de plus en plus dépendante du moment de l’apéritif ». Si le vin est majoritairement consommé lors du repas à table (à 79 % pour les moins de 35 ans et les 50-64 ans, jusqu’à 84 % pour les plus de 65 ans), il est encore peu présent à l’apéritif où il s’installe un peu plus fortement pour les jeunes (54 % pour les moins de 35 ans, 47 % des 35-49 ans, 42 % des 50-64 ans et 28 % des plus de 65 ans). Toute le contraire des bières, très bien ancrées à l’apéro à l’exception des consommateurs plus âgés (présence pour 83 % des moins de 35 ans, 77 % des 35-49 ans, 55 % des 50-64 ans et 26 % des plus de 65 ans) et très peu consommées lors des repas à table (à peine plus de 20 % pour l’ensemble des sondés). Idem pour les spiritueux, qui sont plébiscités par 61 à 66 % des consommateurs lors de l’apéritif, mais sont très peu présents lors des repas (pour seulement 8 à 12 % des sondés).
En développement pour les jeunes, le moment de l’apéritif est une cible évidente pour les vins, d’autant plus que les repas traditionnels sont mis en difficultés. D’après une enquête auprès de 900 personnes en juillet 2024 de Nielsen, « les repas des Français, en particulier ceux des plus jeunes, se déstructurent ». Que ce soit en termes de fréquence pour le déjeuner (76 % des Français en prennent un quotidiennement, 69 % des 18-24 ans) et de dîner (87 % de la population, 83 % des 18-24 ans), mais aussi de composition en prenant rarement une entrée (51 % des Français lors d’un déjeuner en semaine, 66 % des 18-24 ans, idem pour le dîner avec 60 et 66 % respectivement) ou un fromage (pour un déjeuner ils sont 28 % des Français et 36 % des 18-24 ans, pour le dîner respectivement 30 et 35 %), mais également en termes de convivialité (les dîners en semaine se passent devant une tablette ou un smartphone pour 11 % des Français et 21 % des 18-24 ans). Alors, il y a du vin sur la planche apéro ?