out un poème, l’implantation du concept anglais de sobriété pendant le mois de janvier après les excès des fêtes d’année, le Dry January, ne laisse personne indifférent dans le vignoble. Parmi les nombreuses publications sur les réseaux sociaux à ce sujet, Christophe Kaczmarek, le fondateur de l’agence Coq au Vin (à Angers, Maine-et-Loire) joue la carte de l’apaisement œcuménique sur Linkedin : « que vous soyez team "Allez, cette année, je le fais le Dry Janou... Januha... Janouwarie" ou team "le Dry machinchose, c'est bon pour les mulots c't'histoire", on ne vous embêtera pas. Nous, les vins qu'on fait, on y met du cœur, du sang et de la sueur (et du raisin aussi). Alors on préfère quand vous les appréciez de façon raisonnable, sinon, à quoi bon se casser le pompon. »
Une proposition de modération à l’année, face à la rapide bascule entre excès et sobriété proposée par le Dry January, qui suscite de nombreuses réactions sur Facebook, mais plus de messages privés que de commentaires publics de soutien sur le réseau professionnel Linkedin note Christophe Kaczmarek, qui y voit un signe de la tension croissante autour du sujet du vin, de l’abstinence et de la santé. Pourtant, « nous n’avons pas à nous autocensurer : nous ne sommes pas les extrémistes, ce sont ceux d’en face qui le sont ! » S’inquiétant d’un mouvement prohibitionniste croissant dans le monde, l’agent nature estime que les hygiéniste voudraient d’un "Dry toute l’année" : « c’est extrémiste de boire trop d’un coup et de tout arrêter d’un coup. C’est une malhonnêteté contre l’alcoolisme du Dry January qui vient du monde anglo-saxon où la culture de boire n’est pas la même que dans les pays latins et producteurs où le vin a 10 000 ans d’histoire et est profondément culturel : nous n’avons pas de binge drinking. »


Précisant qu’il ne fustige pas Dry January, qui « part du besoin de s’extraire des excès », Christophe Kaczmarek souligne que « l’enfer est pavé de bonnes intentions. Le Dry January aurait pu être moins mais mieux. Aujourd’hui, le Dry January dit de consommer autre chose que de l’alcool, mais de consommer : on se déplace de l’alcool vers l’alcool sans alcool. L’approche originale du Dry January est diluée dans une logique business du bien-être et business. Pareil pour le Sober October. C’est un mouvement consumériste d’approche individuelle au détriment du collectif et de la société. »
Prônant une approche de de moins de quantité et plus de qualité, Christophe Kaczmarek appelle à profiter du changement profond de la place de l’alcool dans la société pour embrasser de nouvelles manières de produire. Lui-même agent et négociant de vin nature, le quadragénaire angevin prône un virage vers « les vins d’artisan, une agronomie plus respectueuse, une vinification dite naturelle avec moins d’intrants et d’interventions… » Car Christophe Kaczmarek ne se fait pas d’illusion : « la consommation du vin va continuer en chute libre : cela fait 20 que je travaille dans le vin et le vois, je ne crois pas une seconde que cela s’infléchisse sur les 20 prochaines années. Ce n’est pas une tendance, c’est un changement de société profond. Des collègues se disent que ce sont des cycles et que ça va repartir. Mieux vaut accepter la situation plutôt que de pousser des cris d’orfraies qui ne vont rien infléchir. »