Nouvelle année, anciennes revendications dans le vignoble : « on veut des prix » pose Arnaud Poitrine, le secrétaire général et porte-parole de la Coordination Rurale de l’Hérault (CR34). En cinquième place sur la liste départementale de la CR aux élections 2025 de la Chambre d’Agriculture (15-31 janvier), le viticulteur sur 22 hectares de vignes à Cabrières a une revendication simple : « une revalorisation de 20 % de nos produits », pour le vin en vrac comme en bouteille. « Ça ne serait pas énorme pour le consommateur, mais ça sauverait des vignerons » pointe Arnaud Poitrine, qui s’alarme « des tueurs de marché qui font le tour des caves avec des offres dérisoires. Ce sont des mercenaires qui proposent d’acheter à la casse du vin à 30-40 €/hl. Ils ont signé des contrats avec la grande distribution et cherchent les produits pour y répondre. Malgré leurs prix les plus bas, il y a toujours quelqu’un dans l’impasse financière ou qui n’a plus de place avant les vendanges, qui vend quel que soit le prix. »
Face aux demandes de révision d’Egalim ou de création d’Organisations de Producteur, le représentant de la CR 34 a une inquiétude : « il ne faut pas que le prix plancher devienne un prix maximum. C’est ce dont on a très peur. Sachant qu’il est difficile de fixer un coût de production entre la plaine et les coteaux. » Le syndicaliste pointe par contre que les discussions avec la grande distribution, à force d’actions de contrôle et d’échanges avec les centrales, commencent à faire bouger les lignes. Comme avec le retrait des promotions de vin d’Espagne à très bas prix dans le réseau Intermarché de l’Hérault.


Une première étape pour aller plus loin dans les demandes de valorisation pointe Arnaud Poitrine, qui reconnaît qu’après avoir bloqué des négociants, il apparaît difficile de dégager des augmentations de prix quand tous les opérateurs de la filière vin sont en difficultés : « le négoce nous dit perdre de l’argent comme nous. On est tous dans le même bateau, on veut vivre de notre métier. » En somme, « le marché viticole va très mal » résume le secrétaire général de la CR Occitanie, qui a conscience de la baisse de la consommation autant que du goulot d’étranglement de la grande distribution : « on demande d’augmenter les prix de 3 % au vu de la hausse des coûts de production, les acheteurs GD nous disent qu’il faut baisser de 7 % nos prix et on négocie à -1 %... Ce n’est plus tenable. Vigneron est le seul métier où l’on peut vendre à perte. »
Ce qui n’est pas durable quand on perd de l’argent tous les ans, alors que les aléas climatiques pèsent sur les rendements, que les prix stagnent et que les coûts de production augmentent toujours (entre intrants et matières sèches) : « on est dans l’effet ciseau d’un moindre production et de plus petits prix » pointe Arnaud Poitrine, qui conclut : « on veut des prix et pas des primes ».