éunis aux portes d’Orange, dans le Vaucluse, ce 13 décembre, quelques centaines de vignerons du département ont été rejoints par leurs homologues du Gard, de la Drôme et de l’Ardèche pour une mobilisation ciblée contre les négociants qui pratiquent « des prix d’achats des vins des côtes-du-Rhône pas rémunérateurs et pas corrects vis-à-vis du travail que nous fournissons », a résumé en introduction le président des JA du Gard Romain Angelras. Les fédérations JA et Fdsea des quatre départements avaient appelé les vignerons à se mobiliser sur les prix en ce jour de nomination d’un nouveau Premier Ministre.
« Aujourd’hui, il y a un prix minimum à tenir pour les côtes du Rhône, c’est 120€/hl, sinon l’histoire est finie pour tout le monde », a également martelé le président du syndicat général des vignerons des côtes du Rhône Damien Gilles. Alors que beaucoup des viticulteurs présents dénoncent des offres de prix inférieures à 100€/hl, « jusqu’à 70€/hl », affirment certains, la tension était palpable à l’heure où le cortège prenait la direction des locaux du négociant vraqueur Robert Brunel à Mornas. Les forces de l’ordre étaient en effet mobilisées en nombre pour encadrer le cortège, dont quelques bennes laissaient présager de la volonté des vignerons de laisser un souvenir concret de leur passage chez les négociants visés.
OB - Des souches arrachées laissées en souvenir chez le négoce Robert Brunel


Après quelques tractations avec une petite délégation de représentants viticoles et la garantie de discussions dans le calme, Eric Gauthier, le président du négoce Robert Brunel, est venu à la rencontre du groupe de manifestants sous la surveillance serrée des CRS. « Sur les 100 000 hl de vins annuels que je brasse, tous d’origine française, je ne fais plus que 20 000 hl de côtes du Rhône. J’en achète moins car j’en vends moins ! Le pouvoir d’achat des consommateurs est en diminution », a lancé Eric Gauthier à ses interlocuteurs après qu’une benne de souches de vignes ait été vidée devant le portail de son chai. Les vignerons lui reprochent dans le même temps de ne pas s’exprimer sur les prix d’achat. « Comment vous nous expliquez que des bouteilles à 4€ en rayons, soit un prix de 400€/hl, nous apporte une rémunération concrète de 70 ou 80€/hl ? Qui prend les marges ? », lui lance un vigneron excédé. « Ils veulent tous savoir combien vous revendez les vins que vous achetez ! », enchaîne Damien Gilles.
Au son de pétards, le cortège a ensuite pris la route vers Sainte-Cécile-les-Vignes et le chai des établissements Friedmann, un autre négociant-vraqueur. Sans rien déverser, cette fois, l’échange s’est à nouveau sous une tension palpable. « Mais le négociant a acquiescé qu’un prix d’achat de 120€/hl était acceptable », relève le président des JA du Vaucluse Jordan Charransol. Peu décidé à avoir fait le déplacement pour rien, les vignerons mobilisés ont voté d’aller rendre visite à Violès, chez le négociant-vinificateur Lavau. Soulignant encore combien nombre d’entreprises viticoles vauclusiennes sont menacées d’arrêt sans rémunération à hauteur, Jordan Charransol rappelle qu’il sera « difficile pour les négociants de proposer des vins si la production n’existe plus ! ». Autre maillon de la mise en marché, la grande distribution n’est pas oubliée et sera ciblée lors d’actions ultérieures.