a récente publication de France Inter sur « les méthodes du lobby de l’alcool » cible particulièrement la filière vin, accusée de dicter leur conduite aux députés et sénateurs. Des hygiénistes évoquant des pratiques et déclarations choquantes d’élus et ministres soutenant la filière…
Samuel Montgermont : C’est choquant d’être choqué que des élus défendent leurs territoires. Être surpris que des élus défendent leurs territoires parce qu’ils le connaissent, c’est incroyable. Penser que c’est simplement le lobby du vin qui les fait agir, c’est les réduire à un niveau de réflexion proche du néant. Je suis moi-même élu local [NDLA : étant adjoint au conseil municipal de Monteux, Vaucluse], je ne suis pas choqué d’avoir les pieds dans la France ! Je ne me reconnais pas dans ce que je lis dans ces textes, cela commence à être niveau de caricature grossière.
Comme si l’on avait verrouillé tout le système de l’Etat ! On nous présente comme un puissant lobby et on nous prête le pouvoir d’avoir arrêté des campagnes de prévention. C’est complétement faux, nous n’étions même pas au courant. Ce n’est pas en réitérant des mensonges que l’on traduit la vérité. Nous sommes fiers de nos produits, de nos territoires de nos vignerons… Il y en a assez d’attaquer la consommation de vin en France !
Avez-vous été sollicité pour participer à ce reportage de France Inter ?
On le voit avec cet article complétement à charge, il n’y a pas d’angle d’ouverture et donc on ne participe pas. Cet excès de forcer un trait qui n’est plus celui de la France, ça agace de plus en plus. Au lieu d’essayer de travailler ensemble sur la réalité. Je ne suis pas que le président de Vin & Société, je suis aussi un acteur de la viticulture et je vois la trajectoire de baisse de la consommation, elle est sociétale et c’est à nous [filière] de gérer nos productions. Cette trajectoire est de fond et elle ne s’inversera pas. Pourquoi l’agence Santé Publique France ne le prend-elle pas en compte ? Nous avons affaire à des gens qui ne vivent pas dans le même monde que nous.
Quand vous parlez de monde actuel, l’article de France Inter cite le chiffre, désormais ancien, des 49 000 morts/an causés par l’alcool En France.
Il s’agit de chiffres estimés sur des données de 2002 et 2015. Ça fait des années que l’on demande l’actualisation de ces chiffres pour pouvoir se baser sur la réalité. Il est possible qu’un médecin addictologue qui passe ses journées avec des personnes malades ne puisse pas prendre un pas de côté pour voir ce qu’est globalement la consommation de vin en France et sa trajectoire de déconsommation. C’est un constat à partager pour avoir une vraie vision du marché et de la consommation française.
Un addictologue pourrait vous répondre que vous ne voyez que des consommateurs de vin portés sur la culture et l’esthétique, mais que vous ne voyez pas les effets d’un vin poison…
Ce que l’on appelait le vin de table hier, c’est devenu peau de chagrin aujourd’hui. Le vin en BIB est souvent la cible des critiques. Mais il ne faut pas confondre les gros volumes et l’alcoolisme. Aujourd’hui les BIB sont vendus à 2 litres, pas à 10 litres : ça, c’était hier ! De même, il ne faut pas confondre petits prix et faible qualité. Il faut comprendre que si le prix de vente moyen du vin en France n’est pas élevé, autour de 4 € la bouteille en grande distribution, c’est parce que l’élasticité prix est réduite aujourd’hui (avec le pouvoir d’achat) et que la qualité a monté partout (sur toutes les gammes). J’ai déjà proposé à des députés de faire une dégustation à l’aveugle pour leur montrer que l’on est bien en peine de donner le bon prix à un produit.