e 15 novembre, à l’occasion de la troisième édition du Viti’Bus en Loire-Atlantique, ce véhicule loué par la chambre d’agriculture a emmené huit porteurs de projet visiter cinq exploitations à céder autour de Clisson. « Parmi les visiteurs, trois cherchent un domaine à court terme, et deux sont dans une réflexion plus longue », détaille Nicolas Méchineau, conseiller à la chambre d’agriculture et organisateur de la journée. Trois étudiants en BPREA ont également profité du voyage.
De tous ces participants, Matthieu est sûrement l’un des plus pressés d’avoir son vignoble. Comme la majorité d’entre eux, il souhaite s’installer en bio. Anciennement associé dans un cabinet d’audit financier, il a quitté ce secteur pour partir en voyage, puis il a suivi en Bourgogne une formation au BPREA. Le terroir constitue son premier critère de recherche. « C’est la seule chose qu’on ne peut pas changer, analyse-t-il. En revanche, s’il faut restructurer le domaine et replanter 3 ou 4 ha, ce n’est pas un problème. »
Une des cinq exploitations qu’il a découvertes le 15 novembre l’intéresse particulièrement. « Le terroir me plaît bien, la qualité des vins aussi, détaille-t-il. Il y a de la vente aux particuliers et aux cavistes. Le cédant s’est mis à ma place, et il est prêt à m’accompagner au début pour prendre en main la vigne et le matériel. » Après la visite, il a rapidement repris contact avec ce domaine. « Très prochainement, je vais demander un audit du vignoble et des bâtiments », assure-t-il.
Venu d’Orléans avec sa compagne, Thomas cherche également à s’installer à brève échéance. Pour lui aussi, trouver de bons terroirs est une priorité. « Je veux produire des vins de gastronomie sur un domaine avec un patrimoine historique », établit-il. Suite à la journée Viti’Bus et à deux visites supplémentaires le lendemain, il a déjà repris contact avec deux domaines. « Les visites ont été assez rapides, je voulais situer leur parcellaire sur une carte, voir de quelles appellations ils bénéficient et la géologie de leurs sols », relate-t-il.
Tout comme Matthieu, il veut s’installer sur une surface importante. « Selon certains clichés, les porteurs de projets actuels cherchent tous des petites surfaces, souligne-t-il. Ce n’est pas vrai. Ma compagne et moi, nous nous intéressons à des domaines à partir de 10 ha et jusqu’à 30 ha, avec une histoire et situés sur un beau terroir. » Quant à Matthieu, il n’imagine pas un projet viable dans le Muscadet en dessous de 20 ha.
Alors qu’ils ne sont pas originaires de la région, Thomas et Matthieu se tournent vers le Muscadet du fait de l’accessibilité de son foncier et sa dynamique commerciale. « En Muscadet Sèvres et Maine, la Safer indique un prix moyen de 10 000 €/ha, relève Thomas. C’est abordable. En revanche, s’il manque la moitié des pieds, la vigne ne vaut plus que la moitié du prix. »
D’après Matthieu, « le Muscadet a fait sa mue. Les propriétés n’ont conservé que leurs beaux terroirs ». Parmi ses points de vigilance, il cite les zones de non-traitement (ZNT), avec lesquelles il ne veut pas s’embêter. « La ville de Nantes toute proche est en pleine expansion, analyse-t-il. Les gens vont être amenés à s’installer en périphérie. Je me méfie des discours politiques qui assurent qu’une parcelle ne sera jamais constructible. »
Si Thomas apprécie le faible coût des vignes, il regrette leur état et la pression sur le bâti. « C’est très compliqué de trouver des bâtiments d’exploitation ou pour se loger, observe-t-il. D’autant plus que les cédants veulent souvent conserver leur habitation sur le domaine. »
Présent lui aussi dans le bus, Pierre, actuellement salarié viticole, est moins pressé que Thomas et Matthieu. Il imagine s’installer d’ici trois à quatre ans. Ce Ligérien écarte d’emblée de reprendre une exploitation qui comprend un caveau de vente car il ne souhaite pas accueillir du public. « Je suis venu pour trouver des réponses à mes questions, explique-t-il. Je ne sais pas encore si je veux m’installer seul ou avec des associés, ni sous quelle forme. »
Salariés depuis dix ans dans la vigne, Édith et Émile se voient, eux, louer dans le Muscadet, avant d’aller exploiter des vignes qu’ils veulent replanter dans leur village du nord de la Vendée.
Ce troisième Viti’Bus avait la particularité de ne visiter que des exploitations en début de recherche, soit d’un repreneur soit d’un nouvel associé, et dont les annonces ne sont pas encore publiées au Registre Départ Installation (RDI). Lors de la journée de visites, les porteurs de projet ont particulièrement apprécié la diversité des domaines, tant sur le plan des modes de conduite que du parcellaire. Selon eux, la journée a été une réussite.
Un engouement partagé par les cédants, comme Marie-Laure Tromeur, du domaine du Vieux Puits, à Gorges. Si elle n’a pas encore reçu de retour concret à la suite du passage du Viti’Bus, elle se félicite du déroulement de la visite. « J’ai vraiment apprécié les échanges, témoigne-t-elle. Les candidats m’ont questionnée sur les possibilités d’agrandissement, l’âge moyen de la vigne ou encore le mode de commercialisation. » Son associé actuel partant en retraite, Marie-Laure Tromeur cherche quelqu’un pour le remplacer et pour l’aider à développer la vente directe. Actuellement, elle vend au négoce la majorité de la production de ses 28 ha. Elle se dit ouverte à tous types de profils. Avis aux amateurs.
Lancé en novembre 2023, Viti’Bus a pour l’instant favorisé une installation. « C’étaient des candidats qui connaissaient déjà le domaine à céder, rapporte Nicolas Méchineau, conseiller à la chambre d’agriculture des Pays de Loire. Leur participation au Viti’Bus a accéléré les choses. » Si les installations concrètes représentent évidemment un aboutissement, ce n’est pas pour autant la finalité principale du Viti’Bus. « C’est une démarche qui se veut un moteur à l’installation. L’objectif est que ces tournées aient un large retentissement, afin de donner aux domaines qui cherchent un repreneur une visibilité bien supérieure à celle qu’apportent ces visites. » Et pour donner aux cédants les meilleures chances de vendre leur domaine, la chambre d’agriculture les forme, avant le passage du Viti’Bus, à se présenter.