’est en effectuant les diagnostics d’exploitation financés par FranceAgriMer en 2017 que la Fédération des vins de Bergerac et de Duras s’est aperçue que beaucoup d’exploitants n’avaient pas de repreneurs identifiés et que quatre cents viticulteurs allaient partir en retraite au cours des dix prochaines années. De ce constat est née la cellule Activ (Accompagnement collectif à la transmission et l’installation en viticulture) en 2019 réunissant de nombreux partenaires pour mettre en relation des cédants sans successeur et des repreneurs.
Cette cellule a pris ses marques. En 2020, six repreneurs se sont installés avec son aide, puis seize en 2021 et déjà dix-huit au premier semestre de 2022. Pour Mathilde Vanquaethem, coordinatrice d’Activ, cette envolée s’explique par l’envie des Français de travailler au vert depuis la crise du Covid, la dynamique bio à Bergerac et la visibilité des annonces réunies dans un catalogue remis à jour tous les trois mois.
Si l’objectif est d’attirer des repreneurs, Activ travaille également avec les cédants ou futurs cédants. « Nous envoyons un courrier avec la MSA à tous les viticulteurs de 52 ans pour les inciter à réfléchir à leur cession, poursuit Mathilde Vanquaethem. Ils ont encore le temps de monter un projet qui rendra leur exploitation plus attractive : passer au bio ou transformer un bâtiment en logement. Avant de vendre, il faut aussi régler les questions d’indivision. »
Le profil type du cédant sans repreneur est un vigneron qui vend son vin en vrac et qui a commencé à décapitaliser. « Ses enfants ont pris une autre voie, décrit Mathilde Vanquaethem. Il pensait qu’un voisin reprendrait, mais ce n’est pas le cas. » En plus de conseiller ces vignerons, Activ leur propose de rencontrer des experts pour évaluer la valeur de leur exploitation.
Quant à l’acheteur, il a généralement entre 35 et 45 ans et est le plus souvent originaire du Sud-Ouest. La plupart disposent de 100 000 à 400 000 € d’apport personnel. Seuls 5 % ont plus de 1 million d’euros. Tous sont attirés par le faible coût du foncier : 9 000 €/ha en appellation Bergerac auxquels il faut ajouter 1 500 €/ha supplémentaires pour les vignes bio. Dernières ventes en date : un domaine de 17 ha avec une maison, mais sans stock ni matériel, pour 380 000 €, un domaine de 17 ha avec maison, chai et cuverie pour 780 000 € ou encore un domaine de 17 ha avec maison et bâtiment fonctionnel pour 700 000 €. « J’anime le réseau. J’essaie de lever les obstacles », indique Mathilde Vanquaethem. Une mission qui porte ses fruits.
Activ signifie Accompagnement collectif à la transmission et l’Installation en viticulture. Pour mener cet accompagnement, la Fédération des vins de Bergerac et de Duras a créé un poste de coordinatrice et signé une convention avec la Safer, la chambre d’agriculture de Dordogne, CERFrance, la MSA, les JA et le Crédit Agricole. En fin d’année, d’autres banques et Périgord Développement apporteront leur signature. « Les signataires identifient des cédants et des repreneurs et les orientent vers nous, explique Mathilde Vanquaethem, coordinatrice d’Activ. Nos services sont gratuits. Il faut en moyenne compter deux ans pour qu’un projet aboutisse. »