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La grève des contrôles administratifs divise le vignoble
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Coup de pression
La grève des contrôles administratifs divise le vignoble

En France, on n’a pas de gouvernement, mais on a des idées pour l’attendre : la FNSEA lance un appel à l’arrêt des contrôles dans les cours de ferme. Une grève administrative possible, comme le montrent 27 coopératives dans le Vaucluse depuis plusieurs mois. Pour d’autres vignerons, le contrôle annuel unique serait déjà un bon début.
Par Alexandre Abellan Le 07 décembre 2024
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La grève des contrôles administratifs divise le vignoble
Exemple de panneau d'annonce de la grève administrative dans le Sud-Est. - crédit photo : DR
A

ction, réaction. Ce mercredi 4 décembre après le vote de la motion de censure du gouvernement de Michel Barnier par l’Assemblée Nationale, Arnaud Rousseau, le président de la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA), en tirait les conséquences sur X : « pas d’État pour répondre à nos questions, pas d’État qui contrôle dans nos fermes. À compter de ce soir, aucun contrôleur ne pourra franchir le seuil de nos fermes tant que les promesses ne sont pas honorées. » Un appel à la grève administrative formalisé depuis par les fédérations régionales et départementales de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA). « Le renversement du gouvernement a mis dans la détresse, la colère et l’incompréhension totale l’ensemble de la profession agricole » indique un communiqué de la FNSEA et des JA de Nouvelle-Aquitaine ce vendredi 6 décembre, annonçant qu’« à partir d’aujourd’hui, et jusqu’à la stabilité de notre pays avec des actes concrets quant à nos demandes*, les contrôles dans nos exploitations sont suspendus. »

Précisant qu’il s’agit de refuser tous les contrôles administratifs (sauf ceux permettant de débloquer des aides), Clément Courteix, le président des JA de Nouvelle-Aquitaine « n’accepte plus les contrôles tant que l’Etat ne s’est pas mis au travail ». Demandant à l’administration de jouer le jeu pour éviter des confrontation entre agriculteurs et agents, le céréaliers en Dordogne note qu’« il ne sert à rien de crée dans la tension ». Ne digérant pas l’enterrement des avancées négociées avec le Budget 2025, Clément Courteix note que 100 % des députés de la région qui ont voté la mention de censure ont reçu la visite de délégations pour s’expliquer sur les solutions proposées pour sortir de l’ornière. Pour marquer le coup, ces permanences sont murées ou ciblées par des bennes de fumier, mais « sans dégradations excessives » note le président des JA de Nouvelle-Aquitaine, voulant « faire passer un message fort. Cela fait plus d’un an que l’on alerte : cela n’a pas empêché ces députés d’aller au bout de la motion de censure pour une guerre d’égo politique. »

La grève continue plus que jamais !

La grève administrative n’est pas une première en 2024, la Fédération des Caves des Vignerons Coopérateurs de Vaucluse (FCVC) ayant enjoint ses 27 caves à ne plus accepter de contrôles depuis le début d’année. « La grève continue plus que jamais ! » milite Alain Brusset, le directeur de la FCVC, pour qui « tant que l’on ne rentre pas dans l’action, on n’a rien. Il n’y a que par la grève administrative que le vignoble peut obtenir la simplification. Sinon, ce n’est que du blabla politique. » Mouton noir de la coopération, la FCVC ne fait pourtant pas l’unanimité. « Notre mouvement est traité par nos détracteurs de dangereux, démagogique et parfaitement inefficace » rapporte Alain Brusset, pointant que cette grève illimitée permet d’échanger sereinement avec l’administration (et des rendez-vous étaient pris dans des ministères avant la démission du gouvernement).

Ajoutant de l’incertitude à l’impatience, l’absence d’exécutif en France met également sur la sellette le principe d’un seul contrôle administratif par an dans le monde agricole : « comme ça, le reste du temps, on bosse. Ça m’allait bien alors que j’ai eu trois contrôles cette année. Mais c’est tombé à l’eau avec le reste » soupire le vigneron Hervé Bizeul (domaine du Clos des Fées à Vingrau, Pyrénées-Orientales) qui regrette un recul de simplification alors que la pression quotidienne reste forte : « avec la dématérialisation, ce n’est plus l’administration mais nous qui faisons le boulot. Et c’est tellement compliqué et changeant, qu’il est impossible tout connaitre. Même quand on a gens dédiés. Ce n’est pas à la portée des humains. Il est impossible de faire du vin seul à cause de la pression administrative. » Ce qui amène à des erreurs, inacceptables pour certains contrôleurs : « ils sont comme Saint-Just pendant la Révolution. Au lieu de dire qu’il faut faire attention pour la prochaine fois, ils sanctionnent avec un de ces tons… L’administration est hors de contrôle. On ne sait pas comment elle fonctionne. C’est une vraie IA » tranche Hervé Bizeul, qui ne voit pas pour autant comment tenir une grève administrative face au nombre de déclarations à remplir.

Qu’il y ait un contrôle ou non, ça ne changera rien

Dans un contexte d’élection des chambres d’agriculture, l’appel à la grève administrative la FNSEA n'est pas la tasse de thé par les autres syndicats agricoles. « Cela consiste à dire que quand il n'y a plus d’Etat, il n'y a  plus de contrôles administratifs : c’est totalement démagogique » réagit-on à la Coordination Rurale, ajoutant que le gouvernement et l'administration restent en place, permettant la continuité de l'Etat. N'apellant pas à « la désobéissance civile », le syndicat agricole s'oppose depuis le début 2024 aux contrôles abusifs avec la demande d'un arrêt des contrôles, un moratoire, comme préalable à un la supression concertée des contrôles jugées abusifs. « Clairement, ce n’est pas parce qu’il n’y a plus de contrôle que la situation des paysans et paysannes va s’améliorer » réagit Thomas Gibert, le secrétaire national de la Confédération Paysanne.

Jugeant que « la position de la FNSEA est dogmatique pour courir après la Coordination Rurale », le maraîcher en Haute-Vienne estime que les solutions pour améliorer les revenus agricoles sont d’ordre structurels : « il faut réguler le marché avec un prix minimum garanti qui rémunère le travail. Ce qui passe par l’obligation de la Grande Distribution (GD) et de l’agroalimentaire de payer au-dessus des coûts de production et gérer le commerce international (avec un prix minimum aux frontières). Qu’il y ait un contrôle ou non, ça ne changera rien. » Même impression de proposition à côté de la plaque pour Didier Gadea, le président de la section vin du Mouvement de défense des exploitants familiaux (MODEF), pour qui l’absence de gouvernement ne change rien : « ce qui nous perturbe, ce n’est pas qui mène politique, mais quelle politique est menée. Les prix garantis par l’Etat sont une nécessité. Les vignerons sont actuellement perdus, dégoûtés et révoltés. »

On veut qu’ils se mettent au boulot

Un malaise partagé par Jean-Samuel Eynard, le président de la Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles de Gironde (FDSEA 33), qui alerte sur « les deux agriculteurs qui se suicident chaque jour ». Ce qui pousse le vigneron bordelais à juger que l’inaction du gouvernement et des députés est criminelle : « on aurait pu sauver des agriculteurs. C’est la tambouille des députés et du gouvernement maintenant, on veut qu’ils se mettent au boulot et que ça avance vite. Sinon on ne répondra plus de rien. » Soutenant le principe de grève des contrôles administratifs, Jean-Samuel Eynard vitupère « un état aux abonnés absents depuis 6 mois et la dissolution : stop, ce n’est plus possible. On nous a promis choses en février. Maintenant, la coupe est pleine. Dans le vignoble, les gens sont désabusés, ils perdent confiance dans le personnel politique. »

 

* : Les syndicats agricoles demandent notamment que « les acquis et les promesses contenus dans le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) et le Projet de Loi de Finances (PLF) doivent être tenus ».

 

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bill et boule Le 07 décembre 2024 à 13:34:01
Pour bien faire il faudrait non seulement empêcher les gens qui nous embêtent :*) ... mais aussi inciter les gens qui nous oublient . 3 réseaux bancaires sont censés être en place pour nous aider : crédit agricole, banque populaire et caisse d épargne sans oublier les ddtm qui doivent filtrer nos pge auprès de la bpi .Comment remettre toutes ces entités à notre service et non continuer à être sous leur mainmise , voilà la vraie question .Savoir qui crée la vraie richesse dans la chaîne de valeur filière viticole en France.En Italie en Espagne cette révolution culturelle à bien eu lieu : pourquoi pas chez nous ??? Synergie entre acteurs et non confrontation stérile... est ce trop demander ???
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