L'école ne m'avait pas préparé à tout ce travail administratif ! » C'est le cri du cœur d'Aymeric Mélinand, jeune vigneron de Fleurie, venu témoigner lors de l'inauguration du Service Agricole Unique de la Chambre d'agriculture du Rhône, le 4 septembre. Entre les multiples déclarations et enregistrements obligatoires et les dossiers de financements à monter, il avoue ne pas toujours savoir où donner de la tête. « J'ai la chance de m'être installé avec mon père, qui a l'expérience de l'administration, note-t-il. Mais pour ceux qui ne sont pas accompagnés, c'est compliqué ! »
Mais les moins jeunes aussi peinent parfois à trouver une réponse à leurs questions, ne serait-ce que parce qu'ils ignorent à qui la poser. C'est là que le Service Agricole Unique entre en scène. « Ce guichet unique vous évite d'aller frapper à cinq ou six ports, explique Fabienne Buccio, la préfète de région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA). Le travail administratif ne va pas disparaître, mais il faut essayer de le faciliter. » Coconstruit par la Chambre d'Agriculture et la préfecture de Région, et financé par une enveloppe de l'Etat de 60 000 € pour trois ans, ce nouveau service 100 % gratuit est expérimenté dans le Rhône et l'Ain depuis cet été.


En appelant au numéro dédié, les agriculteurs et viticulteurs peuvent prendre rendez-vous avec un(e) conseillèr(e) qui prendra le temps de décortiquer le problème avec eux. « Pour une problématique donnée, il peut y avoir plusieurs thèmes qui s'entrecroisent et donc plusieurs interlocuteurs concernés, qui ne sont pas toujours faciles à identifier, relève Lucile Dionizio, qui assure ce service dans le Rhône. La Chambre d'Agriculture connaît bien les acteurs qui gravitent dans l'univers agricole et viticole et peut orienter le demandeur vers le bon service. Et nous nous engageons sur un délai de réponse à dix jours. » Après le rendez-vous, la conseillère a cinq jours pour répondre elle-même au viticulteur ou transmettre sa question à un partenaire (DDT, MSA, OFB, douanes, etc.) qui aura à son tour cinq jours pour y répondre. Et un suivi est assuré au bout d'un mois pour vérifier si la demande a été traitée ou si des relances ou démarches supplémentaires sont nécessaires.
Pas encore de simplification en vue
« Nous ne faisons pas le travail à la place des agriculteurs, mais nous nous assurons qu'ils disposent rapidement des informations justes et à jour », résume Lucile Dionizio. L'objectif est d'aider les agriculteurs à s'y retrouver dans le dédale administratif, mais cette expérimentation ne remet pas en cause fondamentalement l'empilement des normes et procédures. « C'est un projet différent du chantier de simplification, qui reste nécessaire », souligne le président de la Chambre d'Agriculture du Rhône, Pascal Girin. Dans le département, une dizaine d'agriculteurs et viticulteurs ont déjà sollicité des rendez-vous, sur des thématiques aussi diverses que les baux ruraux, la retraite, le certiphyto ou les démarches liées à l'installation. Le vigneron Aymeric Mélinand, pour l'instant, arrive à se reposer sur l'expérience de son père rompu aux tâches administratives. « Mais maintenant que je sais que ce service existe, si besoin, je n'hésiterai pas ! »