our aider vignerons à parler de leurs champagnes, le Syndicat général des vignerons de la Champagne (SGV) a élaboré une classification en trois catégories selon le profil sensoriel dominant de ces vins : vif, fruité ou intense. « Le monde du vin est assez complexe, souligne Maxime Toubart, président du SGV. Les consommateurs peuvent être perdus. Notre objectif est de les aider de manière simple et conviviale. »
Chaque profil a son logo. Et, pour chacun d’entre eux, le SGV propose dix adjectifs pour compléter la description des vins. Ainsi un champagne vif peut aussi être qualifié de dynamique, iodé, floral, frais, franc, minéral… Pour le profil intense, les autres qualificatifs sont : ample, boisé, charpenté, onctueux…
La coopérative de Barfontarc, à Baroville, dans l’Aube, a tout de suite adhéré à cette segmentation. « Nous avons dégusté nos champagnes à l’aveugle avec le formateur Geoffrey Orban et une dizaine d’adhérents pour classer les classer selon la grille du syndicat, précise Nicolas Vallée, responsable commercial et marketing. Nous avons eu des surprises. Nous pensions que notre blanc de noirs millésimé serait intense. Or on l’a qualifié de fruité. »
Depuis, la coopérative indique le profil de ses vins et le logo correspondant sur toutes ses fiches techniques. Et elle colle les logos appropriés sur les bouteilles qu’elle expose dans son caveau. « Ces profils nous aident être très concrets avec nos clients, poursuit Nicolas Vallée. Pour présenter notre cuvée Héritage, par exemple, nous disons qu’elle est fruitée, avec des notes de fraîcheur et de gourmandise. Nous apportons plus de précisions sur l’élaboration des vins pour ceux qui le souhaitent. Les clients adhèrent bien à cette approche car elle est simple. »
Nicolas Vallée souligne que les profils vifs ou fruités ne sont pas nécessairement d’entrée de gamme. « Il y a des vifs et des fruités en haut de gamme. Mais, dans les faits, il est vrai qu’on trouve plus le profil intense dans les haut de gamme. »
Laure Coquard, viticultrice à Channes, dans l’Aube, vient tout juste d’utiliser cette segmentation. Le 25 octobre dernier, la confrérie Saint-Vincent de la vallée de la Sarce proposait aux amateurs de découvrir cinq champagnes de cinq vignerons, à La Forge, un lieu culturel à Bragelogne-Beauvoir. Laure Coquard était des leurs. Pour cette soirée, organisée dans le cadre du Champagne Day, elle a présenté sa cuvée Réserve, un vin âgé de six ans. « J’ai expliqué aux participants qu’elle présente un profil vif, frais et dynamique, indique-t-elle. Ce sont des mots qui parlent à tout le monde. Cette classification facilite l’initiation à la dégustation. »
Comme Champagne de Barfontarc, cette viticultrice va organiser une dégustation de toute sa gamme à l’aveugle avec ses salariés pour qualifier ses vins. « La dégustation à l’aveugle est essentielle, conclut-elle. Elle permet de s’extraire des idées toutes faites comme quoi un chardonnay serait vif, un pinot noir intense et un meunier fruité. Ce n’est pas toujours le cas. »