lors que la filière vin est en crise, « l’urgence est à la stabilité » plaide Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France. Après quatre mois suspendus par les conséquences de la dissolution de l’Assemblée Nationale en juin dernier, la formation d’un gouvernement le 21 septembre et l’étude du Budget 2025 ce mois de novembre ont permis de relancer les mesures de soutien à la filière vin en souffrance. Alors que la possibilité d’une motion de censure du gouvernement par les députés revient au cœur de l’actualité politique française, cette perspective de retour au point mort inquiète Jean-Marie Fabre.
« Sans faire de politique, il faut de la stabilité pour ne pas retarder les échéances. Faire tomber le gouvernement ce serait surement laisser au bord de la route de nombreux domaines. Cela laisserait des entreprises au milieu du gué sans la bouée. Les propositions ont été travaillées, il faut les enclencher » plaide le vigneron de Fitou (Aude), pour qui « il y a forme de crainte quant à la stabilité politique à venir. Je ne veux pas qu’encore une fois on retarde les échéances pour mettre en œuvre des dispositifs travaillés et calés. On ne peut pas dire d’ici quelques jours que tous les dossiers qui ne sont pas aboutis seront retardés pendant des mois. » Voulant que les avancées des projets de loi pour le budget et le financement de la sécurité sociale pour 2025 aboutissent, Jean-Marie Fabre attend également avec impatience l’étude du projet de loi d’orientation agricole.
Tour de France depuis Paris
Des messages qu’il a pu transmettre aux parlementaires et aux deux ministres venus lors du salon des Vignerons Indépendants de France à la porte de Versailles (28 novembre-1er décembre) : Nathalie Delattre (relation avec le parlement) et Annie Genevard (Agriculture). Cette dernière ayant annulé sa venue à Bordeaux pour le salon Vinitech, Jean-Marie Fabre lui a demande d’aller au contact des vignerons dans les bassins de production pour avoir directement leurs demandes. Faisant un tour de la France viticole sur les stands du salon parisien, la ministre de l’Agriculture a déjà pu entendre que les besoins de soutien aux trésoreries sont urgents.
Entre les prêts à court-terme et les consolidations de prêts sur 12 ans, les annonces d’Annie Genevard sont à mettre en œuvre au plus vite confirme Jean-Marie Fabre : « plus le calendrier sera resserré, plus il sera efficient. Les prêts à court-terme doivent être disponibles d’ici le 15 décembre. Il faut préciser au plus vite possible le dispositif de consolidation pour qu’il soit disponible rapidement auprès des banques afin de le déployer dès le début 2025. Il faut qu’il soit utilisable dès la première semaine de janvier dans les agences bancaires »


Autre sujet conjoncturel pour la ministre : le reliquat des 40 millions d’euros pour l’arrachage définitif (entre les 110 millions € utilisés et les 150 millions € promis). « Ces 40 millions € doivent être sanctuarisés et fléchés en priorité sur les jeunes et nouveaux installés pour leur porter le plus fort soutien possible » indique Jean-Marie Fabre, qui a eu de l’écoute, mais pas d’annonce sur le sujet de la part d’Annie Genevard.
Le président des Vignerons Indépendant appelle en même temps le gouvernement à s’engager sur les dossier de fonds pour assurer la productivité du vignoble malgré le changement climatique et permettre le développement commercial malgré les incertitudes géopolitiques. Ce qui passe par l’adaptation de la filière à l’urgence climatique (aide à l’investissement dans la prévention contre les aléas et réforme du référentiel historique de l’assurance multirisque climatique) et le soutien aux risques de conflits commerciaux, comme sur le marché américain où « nous n’avons plus de craintes sur ce qui va se passer avec l’administration Trump, mais des certitude quand on voit que l’élection a porté sur un programme de patriotisme économique », avec des moyens mis à disposition par l’Europe (fonds de compensation et de conquêtes d’autres marchés) y compris dans la nouvelle Politique Agricole Commune (intégration dans le règlement de base d’outils de gestion par l’arrachage et la distillation sur des budgets spécifiques, indépendants des fonds sectoriels).
La ministre Nathalie Delattre lors de sa visite à la porte de Versailles. Photo : Audrey Monségu (Vignerons Indépendants).