’est un passage obligatoire pour tout politique bourguignon, voire national. Ce vendredi 15 octobre, la 151 fête des grands vins de Bourgogne a pu compter sur la présence de Nathalie Delattre, ministre des relations avec le parlement. Un déplacement qui ne doit rien au hasard : cette membre du gouvernement Barnier est également vigneronne sur 3,3 hectares en AOC Cadillac et co-présidente de l’ANEV (Association nationale des élus de la vigne et du vin). Son objectif : présenter le gouvernement comme allié de la filière.
Thiébault Huber, président de la Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne (CAVB), l’a accueillie autour de quelques verres de pinot noir et chardonnay, rappelant les grands enjeux de son vignoble : le réchauffement climatique, le manque de main-d’oeuvre, la montée de l’hygiénisme, et, surtout, la difficulté à transmettre les exploitations.
“À un moment donné, nous avons raté cette transmission de patrimoine”, a reconnu Nathalie Delattre en introduction de son discours devant les présidents d’Organismes de Défense et de Gestion (ODG). “L’extension du pacte Dutreil est essentielle, et je ne doute pas que nous pourrons la mettre en œuvre dans le prochain projet de loi de finance” a-t-elle espéré, en référence à l’amendement récemment voté à l’assemblée mais menacé par un éventuel 49.3.
La représentante du gouvernement a par la suite balayé différents sujets de préoccupation de la filière, insistant notamment sur la santé mentale des vignerons dans un contexte économique sinistré. “Il est indispensable que nous puissions mettre en place des outils de soutien. J’ai des amis qui se sont suicidés. Il faut faire beaucoup de prévention. La grande cause de la santé mentale est celle des jeunes, mais aussi des travailleurs et des chefs d’entreprises.”


Et d’évoquer la bataille de l’assurance, “que nous avons pas encore gagnée, notamment auprès de l’Europe, avec la moyenne olympique qui pose toujours problème.” Mais aussi l’image du vin. “Je suis une anti Dry January. Certes il faut rappeler l’exigence de modération. Mais les vignerons le font déjà naturellement auprès de leurs clients! ” Enfin, l’attractivité des métiers, mentionnant le documentaire “Les raisins de la misère”. “Il met en avant que nous sommes capables de recevoir nos clients dans des hôtels 5 étoiles, mais pas en capacité de recevoir nos salariés.”
Pour avancer sur ces problématiques, la ministre plaide “pour une filière française unie”, citant pour exemple la période Covid. “Nous avions été plusieurs vignobles à demander des subsides. Nous en avons reçu un peu. L’aéronautique a envoyé une seule personne, 7 milliards ont dégringolé. Quand nous sommes capables de nous réunir, il faut le faire, autour de nos représentants syndicaux nationaux. Il ne faut plus nous faire concurrence entre vignobles français, d’autant que nous sommes complémentaires.”
Si ces déclarations de principe ont convaincu, aucune annonce concrète n’a été prononcée, laissant la filière bourguignonne dans l’expectative.